Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste, présente en ligne le Cycle de l'Austrel, tome troisième : Comme une abeille hors de sa ruche… Tous droits réservés ©
[Depuis trois cycles, l’Archyeur tente par la force et la ruse de détruire les Bases, afin d’accroître son territoire et rétablir la suprématie de la Cité.]
Emma : - La Base de La Forêt Pourpre est rayée de la carte.
La plupart ont été kryfluxirés ; même les plus jeunes !
Marc n’est plus.
Nous sommes tous en réel danger, toi aussi… comme moi.
Yeph : - Je sais Emma.
J’ai reçu un très fin rapport de Ghils.
Emma : - Cela ne t’affecte guère...
Ou alors, je me trompe ?
Yeph : - Toi, tu souffres crescendo pour trois raisons :
Tout d’abord face aux dégâts naturels, puis matériels et humains.
Ensuite, à la disparition de tes amis : la douleur s'accroît.
Enfin, consciente de l’affaiblissement de ton potentiel de vie, tu t'inquiètes.
J'aime ta sensibilité.
Oui.
Tu pleures aussi, en songeant aux centaines d’heures de travaux forcenés réduites à quelques nouvelles ruines !
Tu réagis ainsi... d’autres garderont toutes ces raisons en modifiant l’ordre d’importance.
Aussi, certains ne seront affectés que pour l’une, l’autre, d’autres ou aucune !
Emma : - Mais, Yeph, cela te laisse quasi indifférent… alors que souffrir est bien une attitude naturelle...
Yeph : - Non !
Pas naturelle : c'est un principe que je pense limité à l'égoïsme humain.
L’homme imagine la souffrance à travers lui et s'y complaît.
Emma : - Explique-moi cela.
Yeph : - J'aimerais te laisser réfléchir sur ces quelques points: sommes-nous capables de saisir l’angoisse du mouton que l’on conduit à l’abattoir ?
Dois-tu réagir face à la douleur du moustique gazé ?
Faut-il s’inquiéter de la meurtrissure silencieuse de la rose coupée pour être mise dans un vase à quatre sous ?
Ou encore être torturé par le cri silencieux de la poire, croquée par un enfant ?
Tu dois bien te dire que ma réaction est difficile à entendre ?
Soit !
L’ami qui meurt près de toi ne peut pas être compris non plus.
Tu as la possibilité de l’aimer, sans saisir ce qui lui arrive.
La mort est un mystère sur lequel les hommes n’ont pas fini de spéculer.
J'ai aimé Marc…
Qui le sait ?
Qui s'en souviendra ?
Il est parti de ce monde…
Certains le pleurent encore, ne vivant plus — allant fleurir sa stèle — pendant que d'autres créent la légende… en sousvivant, en survivant parfois ?
Je préfère essayer de vivre…
Alors je m’interroge sur le sens de notre existence, auprès des rares vivants que je puis croiser à travers le monde.
Je n'oublie pas Marc…
Je me suis nourri de lui et je suis plus fort maintenant.
Y penser me procure une étrange alchimie de joie et de tristesse…
La vie…
La mort…
Depuis l’origine des sociétés, l’humain s’est souvent donné de très bonnes raisons pour supprimer les êtres qui le gênaient.
Il y a le jeu terrible de la comparaison : la race supérieure, le peuple élu… les espèces jugées inutiles ou détestées, la jalousie, l'orgueil, l’envie, la haine…
Le besoin de s’enrichir, de se croire riche !
Tout cela développe des doctrines toujours plus savantes et pétries de vérités d'un instant, afin de raisonner sur le bien-fondé d’une guerre légitime ou d’un sain génocide.
Ah…
Oui…
Je garde un espoir…
J’ai une pauvre croyance…
Sache ceci : si d’aventure, toutes nos Bases étaient détruites, si nous étions tous kryfluxirés ou porteurs de greffes troisièmes... la force de la liberté germerait autrement, le jour d’après.
Certainement.
Un être s’éveille, puis d’autres se lèvent !
Et s’envolent tour à tour…
La plupart ont été kryfluxirés ; même les plus jeunes !
Marc n’est plus.
Nous sommes tous en réel danger, toi aussi… comme moi.
Yeph : - Je sais Emma.
J’ai reçu un très fin rapport de Ghils.
Emma : - Cela ne t’affecte guère...
Ou alors, je me trompe ?
Yeph : - Toi, tu souffres crescendo pour trois raisons :
Tout d’abord face aux dégâts naturels, puis matériels et humains.
Ensuite, à la disparition de tes amis : la douleur s'accroît.
Enfin, consciente de l’affaiblissement de ton potentiel de vie, tu t'inquiètes.
J'aime ta sensibilité.
Oui.
Tu pleures aussi, en songeant aux centaines d’heures de travaux forcenés réduites à quelques nouvelles ruines !
Tu réagis ainsi... d’autres garderont toutes ces raisons en modifiant l’ordre d’importance.
Aussi, certains ne seront affectés que pour l’une, l’autre, d’autres ou aucune !
Emma : - Mais, Yeph, cela te laisse quasi indifférent… alors que souffrir est bien une attitude naturelle...
Yeph : - Non !
Pas naturelle : c'est un principe que je pense limité à l'égoïsme humain.
L’homme imagine la souffrance à travers lui et s'y complaît.
Emma : - Explique-moi cela.
Yeph : - J'aimerais te laisser réfléchir sur ces quelques points: sommes-nous capables de saisir l’angoisse du mouton que l’on conduit à l’abattoir ?
Dois-tu réagir face à la douleur du moustique gazé ?
Faut-il s’inquiéter de la meurtrissure silencieuse de la rose coupée pour être mise dans un vase à quatre sous ?
Ou encore être torturé par le cri silencieux de la poire, croquée par un enfant ?
Tu dois bien te dire que ma réaction est difficile à entendre ?
Soit !
L’ami qui meurt près de toi ne peut pas être compris non plus.
Tu as la possibilité de l’aimer, sans saisir ce qui lui arrive.
La mort est un mystère sur lequel les hommes n’ont pas fini de spéculer.
J'ai aimé Marc…
Qui le sait ?
Qui s'en souviendra ?
Il est parti de ce monde…
Certains le pleurent encore, ne vivant plus — allant fleurir sa stèle — pendant que d'autres créent la légende… en sousvivant, en survivant parfois ?
Je préfère essayer de vivre…
Alors je m’interroge sur le sens de notre existence, auprès des rares vivants que je puis croiser à travers le monde.
Je n'oublie pas Marc…
Je me suis nourri de lui et je suis plus fort maintenant.
Y penser me procure une étrange alchimie de joie et de tristesse…
La vie…
La mort…
Depuis l’origine des sociétés, l’humain s’est souvent donné de très bonnes raisons pour supprimer les êtres qui le gênaient.
Il y a le jeu terrible de la comparaison : la race supérieure, le peuple élu… les espèces jugées inutiles ou détestées, la jalousie, l'orgueil, l’envie, la haine…
Le besoin de s’enrichir, de se croire riche !
Tout cela développe des doctrines toujours plus savantes et pétries de vérités d'un instant, afin de raisonner sur le bien-fondé d’une guerre légitime ou d’un sain génocide.
Ah…
Oui…
Je garde un espoir…
J’ai une pauvre croyance…
Sache ceci : si d’aventure, toutes nos Bases étaient détruites, si nous étions tous kryfluxirés ou porteurs de greffes troisièmes... la force de la liberté germerait autrement, le jour d’après.
Certainement.
Un être s’éveille, puis d’autres se lèvent !
Et s’envolent tour à tour…
L’ENVOL
I
Je vois la vérité comme un grand pont lancé
Sur une terre aride, ancré dans la misère.
Issu d’où je suis né, jusque la mort enfin,
Il traverse, vainqueur, la haine et la laideur
Et puis la peur encor, pour rejoindre l’amour.
En marche dans la nuit, je sens que sous mes doigts
Ce trop bel édifice est toujours plus étroit...
Devrais-je refuser comme vous, abaissé
À suivre quelque route où s’éteint la lumière ?
Et si je crains la chute, être alors un pantin
Qui se meut de décrets fixés pour la douleur...
Sans désirer savoir la source d’un amour ?
II
Alors, à mes côtés, je sens tout près de moi
Mille enfants à l’écoute, attentifs à mon choix.
La confiance a son aile et saura me garder
Mais je ne puis, tout seul, appelé de l’enfer,
M’élancer vers demain pour suivre mon chemin...
Sans les laisser saisir cet espoir de bonheur,
Que j’ose enfin rêver; que je cherche à mon tour...
Comment leur expliquer, s’ils suivent cette voix
Le danger de se perdre en négligeant la loi ?
Conscients d’être imités dans ce souci d’aimer,
Ils se lèvent, je sais, car le ciel est plus clair.
Puisqu’ils sentent en eux l’image du divin,
Disparaissent les hontes et chaînes de malheur...
...Et tous — en liberté — s’envolent tour à tour !
...Et tous — en liberté — s’envolent tour à tour !
...Et tous — en liberté — s’envolent tour à tour !
Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste, présente en ligne le Cycle de l'Austrel, tome troisième : Comme une abeille hors de sa ruche… Tous droits réservés ©
Auteur : Yves Philippe de Francqueville