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Yves Philippe de Francqueville, mémoires d'un pirate
© Le cycle de l'Austrel,
tome premier : Souvenir d'un amour,
des écrits de Yves Philippe de Francqueville,
​pirate des mots et philanalyste en herbe.
Onzième partie :

 






[Le Glas sonne]

 
 

[Passage d’un cercueil, entouré d’une douzaine de frères, une capuche couvrant la tête.]

 
 

[Le Glas sonne]

* * * * *








[Salle du temps de partage des frères du Plark.]    

​


Pièr : 
— Qui sera le suivant ?
 
Roby : 
— Je n’aime pas du tout ce genre d’horoscope !
 
Yan : 
— C’est cependant notre lot à tous.
Il nous faut savoir partir un jour.
 
Pièr : 
— Il aurait pu gagner une bonne dizaine d’années s’il avait accepté le Service d’Entretien Régénérant.
 
Roby : 
— C’est bien vrai.
Pourquoi l'as-tu laissé s'éteindre, sans le contraindre à se soigner ?
En tant que Prieur, tu as des obligations.
Mon père, grand professeur de médecine, m’avait dit que tu te devais d’imposer à tous les frères les règles strictes sur le Suivi Médical Social.
C’est choquant pour une communauté de voir un frère mourir, surtout s’il était encore capable de poursuivre son existence.
 
Ben : 
— Il avait déjà 117 ans…
 
Jeph : 
— 117 ans ?
 
Yan : 
— Absolument.
Plus de la moitié des hommes de notre Plark, sont de vaillants centenaires.
 
Pièr : 
— Nous avons évidemment tous le droit à une restauration des organes déficients.
 
Roby : 
— Est-ce le cœur qui a cédé, pour Charly ?
 
Ben : 
— Non.
C’est tout l’ensemble qui n’en pouvait plus.
 
Pièr : 
— Mais pourquoi ?
N’a-t-il pas souhaité un cœur neuf ?
 
Ben : 
— Et puis des pieds, des mains, des yeux, des os…
Alors…
Où est Charly ?
Dans ce fatras — lot désespérant de pièces détachées sans origine — que serait-il resté de lui-même ?

Yan : 
— Son âme… qui plaît à Dieu !
 
Jeph : 
— Il a déjà vécu 117 ans, et vous l’accusez d’avoir refusé de tricher sur sa mort ?
 
Roby : 
— Tricher ?
Comment cela ?
 
Pièr : 
— Être attentif à sa santé n’est pas un péché… Vouloir prolonger sa vie non plus, que je sache !
 
Ben : 
— De nos jours, beaucoup d’individus n’ont plus que l’apparence humaine.
Ce sont des reconstitutions à la gloire du docteur Frankenstein[i] !
 
Roby : 
— Non, pas du tout !
Pourquoi rejeter les progrès de la science ou en nier l’intérêt pour l’homme ?
Ces opérations sont des restaurations quasi à l’identique… nos médecins chercheurs se servent de cellules souches et les développent pour nous soigner…
 
Jeph : 
— C’est efficace pour le corps, mais cela fatigue certainement beaucoup l’esprit !
Trop de personnes souffrent de dégénérescences cérébrales, en lien avec la prolongation de la vie des organes.
Pour ma part, j’accepte d’être soigné, mais uniquement jusqu’à un certain point de décence.
Je ne souhaite pas devenir un monstre idiot, un légume ou un zombie… sous prétexte qu’il serait bon de vivre plus longtemps.
Notre société prolonge la vie sans lui donner nécessairement un sens.[ii]
Cela dit, il me faut reconnaître que Charly avait encore du répondant…
 
Yan : 
— Charly a beaucoup et fort bien vécu.
 
Ben : 
— Parce que son intelligence n’a pas été altérée.
 
Pièr : 
— Il souffrait cependant dans son corps, ces derniers temps.
 
Roby : 
— C’est vrai.
Pourtant il ne se plaignait guère…
 
Yan : 
— Il était fier de vieillir.
Charly ne désirait pas ajouter à son existence des années qui semblaient à ses yeux ne pas lui appartenir.
Je l’ai accompagné jusqu’à son dernier souffle.
Il est mort dans la paix.
 
Pièr : 
— Hein ?
Tu ne l’as pas envoyé au Centre Médical, alors que tu le savais en danger ?
 
Roby : 
— Ce n’est pas légal.
 
Yan : 
— Je suis le Prieur de ce Plark. J’écoute beaucoup mes frères et j’essaie d’être le plus honnête possible avec chacun d’entre vous.
Charly a eu la grande chance de bénéficier de ma considération.
J'ai respecté sa requête.
Tu sais, Roby, 117 ans… ça commence à faire plus long que perpétuité !
Certains s’ennuient, à la longue…
Il est parti comme il l’a souhaité, entouré de ses frères, en ce lieu qu’il aimait.
 
Ben : 
— Là, Yan, je t’admire.
Souvent tu m’as déçu.
Ton statut de Prieur, sous les bons hospices de l’Archyeur et de l’Austrel, t’assimilait en moi au pauvre pion d’un système dont j’exècre jusqu’à l’idée.
Aujourd’hui, je dois t’assurer de ma reconnaissance car…
 
Roby : 
— …C’est un comble !
L’on valide une faute grave de Yan, et personne ne réagit, si ce n’est Ben qui en rajoute encore avec des compliments…
 
Pièr : 
— Je suis assez de ton avis, Roby.
Cependant, nous avons prêté obéissance à notre Prieur.
 
Roby : 
— Non !
S’il défaille, nous recouvrons notre liberté de décider pour le bien commun. Et si cela s’avère nécessaire, le Prieur doit être destitué !
 
Yan : 
— Mais que vouliez-vous ?
J’ai pris mes responsabilités en mon âme et conscience.
Loin du monde où les guerres sévissent… ici, dans ce Plark, nous avons tous au moins le droit à une mort naturelle !
Charly était prêt, fier de cette vie menée auprès de nous tous.
 
Ben : 
— J’avais encore beaucoup à apprendre de lui.
 
Jeph : 
— C’est compréhensible, il va aussi me manquer.
J'ai eu la chance de pouvoir l'écouter avec attention. Il m'a donné le meilleur de lui-même.
J’aurais bien entendu aimé qu’il reste quelques jours, ou un cycle de plus !
Je suis presque froissé qu’il ne m’ait accordé plus d’importance…
Mais c’est peut-être égoïste ?
Rien n'est écrit pour demain…
Retarder l’échéance du deuil ne nous donne pas toujours le temps, les moyens ou les occasions de mettre en œuvre les actions désirées, et cela peut nous rendre stérile et parasite.
Je crois plutôt en la force de l’âme, au-delà de la vie…
J’approuve donc le choix de Charly, de partir avec sa dignité.
À nous d’écrire son avenir, maintenant, si j’ose dire !
 
Yan : 
— Par le mot force, tu entends immortalité de l’âme ?
 
Jeph : 
— Oui, peut-être…
En tant que composante de l’esprit, à l’échelle de l’univers… cela me paraît possible.
​
Yan : 
— Charly aussi y croyait.
 
Jeph : 
— Oui, ma foi en l’immortalité va jusqu’aux limites qu’il a lui-même établies : nous aurions ainsi la possibilité de nous nourrir des énergies de celles et de ceux qui ne sont plus.
À la mort, la force de vie s’échappe de nos corps de misère. Leur puissance s’offre alors à nous.
 
Ben : 
— Je saisis un peu mieux tes propos…
 
Pièr : 
— Qui ne sont guère orthodoxes.
 
Roby : 
— C’est scandaleux !
Jeph n’est pas venu chez nous pour suivre nos règles, mais pour les pervertir.
Même notre Prieur semble se contaminer aux idées nouvelles qu’il fait fuser, ces derniers temps !
Jeph doit partir.
 
Jeph : 
— Oui… si je suis porteur de discorde…
Peut-être est-il plus sage que je quitte rapidement ces lieux ?
 
Roby : 
— Ce serait dans tous les cas beaucoup plus sain pour nous, de te savoir loin.
 
Pièr : 
— Cela devrait être au Prieur de décider…
 
Ben : 
— Votre versatilité me terrifie !
 
Yan : 
— Ne tente pas de les convaincre, Ben.
Ils sont tous les deux dans la logique implacable de notre système.
Finalement, c’est moi qui dois admettre mon échec.
Peut-être n’aurais-je pas dû vous laisser cet espace de parole, et l’accès à la bibliothèque ?
 
Roby : 
— Moi, j’aurais déjà tout brûlé, si tu m’avais annoncé que quelqu’un lirait ces livres un jour !
 
Pièr : 
— Jeph, tu dois partir vite avant de tout corrompre.
Tu as en effet apporté la zizanie dans ce lieu de paix et d’amour.
 
Ben : 
— Si tu touches à ne serait-ce qu’un seul de ces livres, Roby… je te tue !
 
Yan : 
— Allons, mes frères, apaisez-vous.
Apaisez-vous.
Pas de paroles violentes en ces lieux.
La mort de Charly ne doit pas vous voir prendre les armes.
 
Roby : 
— Il m’a menacé…
 
Pièr : 
— Et de mort, en plus !
 
Ben : 
— Je le ferais si nécessaire, pour protéger la mémoire de notre humanité.
Ma présence dans ce Plark est liée à cette charge, comme cela fut pour Charly.
On m’a confié la poursuite de protection et de conservation du patrimoine mémoriel.
 
Roby : 
— Comment cela ?
 
Pièr : 
— Tu n’es pas là pour le salut de ton âme ?
Tu te moques ?
Dis quelque chose, Yan…
 
Yan : 
— Je le savais.
 
Pièr : 
— Ce n’est pas possible.
 
Jeph : 
— Tout devient plus simple à comprendre !
 
Yan : 
— Oui.
Depuis la nuit des temps, des êtres consacrent leur vie à veiller sur notre mémoire.
L’histoire a besoin de gardiens du temps.
Les Plarks sont des espaces plutôt bien protégés de la folie des hommes.
 
Roby : 
— Quel est ton rôle, alors, Yan ?
 
Yan : 
— Oh, moi, je suis un faible…
Mon rang de Prieur est bien mérité !
L’Archyeur a toujours eu confiance en ma lâcheté.
Il est lui-même dans la peur de se voir responsable d’une faute que les générations suivantes pourraient lui reprocher.
Alors, il laisse à des gens comme toi ou Pièr, la tâche monstrueuse de faire un jour disparaître le passé.
 
Pièr : 
— Je ne souhaite rien qui puisse sembler mal à tes yeux, cher Yan !
Je suis trop faible aussi, et terriblement lâche…
 
Roby : 
— C’est impossible.
Tu me dis que l’Archyeur attend que l’un d’entre nous mette enfin le feu à cette somme nauséabonde d’écrits pervers qui ont marqué de souffrances et de misères les premiers temps de l’humanité ?
Tout cela est la honte de notre Créateur.
Il est temps : du Passé, faisons table rase !
Je serai donc l’Élu.
Oui, je me sens prêt à œuvrer pour tous.
Fidèle chien de Dieu, me voici : je vais embraser le monde[iii] !
 
Ben : 
— Roby…
 
Roby : 
— Quoi encore, vermine ?
 
Ben : 
— Retourne dans ton néant !



[i]            Merci à Mary SHELLEY, celle qui nous a présenté le médecin dans toute sa splendeur : celui qui veut égaler son dieu… devenir dieu… être le créateur de la vie. Il y a la créature hideuse…
Mais le monstre est bien le docteur FRANKENSTEIN !

[ii]           Merci à Bruno CADORÉ, ce docteur, professeur d'Éthique à ses heures disponibles, qui aimerait sincèrement œuvrer pour que le monde aille mieux…
Est-ce possible d’être bon acteur, tout en étant dans l'acceptation obéissante de mener la meute de chiens d'un dieu ?
Ces frères prêcheurs sont plus ou moins fidèles mais assez fous pour embraser le monde… d'une connaissance pas nécessairement libérée des vérités religieuses ?

[iii]           Merci à la règle de l’Ordre des frères Prêcheurs, « les chiens d'un dieu ».
Ils sont depuis leur fondation — il y a quelques siècles — sous les ordres de maîtres parfois exemplaires (et souvent maladroits) dans le désir de voir le monde des bipèdes évoluer vers l'humain.




[Ben se précipite sur Roby.]


Jeph : 
— Ne fais pas cela…
Ben… non…
Je t’en supplie !
 
Pièr : 
— Non…

​


[Roby tombe, la nuque brisée…

Pièr se jette sur Ben et l’étrangle à son tour…

Ben gît bientôt étendu à son tour, aux côtés de Roby.

La mort les réunit dans une dernière étreinte.]
​


Jeph : 
— Ce n'est pas possible, tant de folie…
Quelle violence irrationnelle…
Quelle horreur !
 


[Pièr prend Roby dans ses bras.]

​


Pièr : 
— Il était tout pour moi…
Je l’aimais tant. Je l’ai suivi ici par passion.
Notre histoire était si belle, avant sa conversion.
Nous vivions heureux, et lorsqu’il est parti au Plark, pour ne pas être renié par son père, mon existence a perdu toute sa saveur.
Aussi ai-je décidé de le suivre…
Pourquoi donc suis-je là, dans ce fichu Plark ?
Oui, « parce qu’il était moi, parce que j’étais lui [i]».
J’ai si souvent pensé mourir… si souvent j’ai voulu lui donner la mort !
Ici, c’est mon purgatoire, mais il était là, près de moi et je pouvais encore espérer une autre vie…
Mon existence perd tout son sens, et je vais être certainement kryfluxiré par les forces de l’Archyeur.
Ben…
Ben, pourquoi as-tu fait cela ?
Je t'aimais aussi mais… tu devais payer.
C'est de ta faute, Jeph !
 
Jeph : 
— Pièr…
Tu as tué un être formidable avec qui je retrouvais un peu d’espoir.
Après tant d’épreuves, de souffrances et de solitudes, voir naître une amitié… un nouvel amour, et j’assiste encore à un massacre !
 
Pièr : 
— Suis-je un assassin ?
Tout n'est pas de ma faute…
 
Yan : 
— Oui et non, Pièr.
Tu as voulu venger la mort de ton amant sans saisir l’acte terrible dont il allait se rendre coupable.
Ben, lui, a exécuté un ordre quasi militaire, respectueux des lois de son Ordre secret.
Je n’ai cependant aucune admiration pour un homme qui sait donner aussi simplement la mort.
Reste donc avec nous afin de poursuivre, dans la peine ou dans la joie, une mission singulière.
Il y a d’autres frères à aimer et c’est à moi de savoir garder confidentielle, cette triste soirée.
Si tu le veux bien, je te confie la responsabilité que tu as prise à Ben en lui ôtant la vie.
Si tu acceptes cette charge, je saurai t’aider.
Cela implique évidemment que tu refuses de cautionner autodafés et incendies criminels d’archives…
Sache qu'un autre gardien de la mémoire nous rejoindra tôt ou tard…
 
Pièr : 
— Tu ne me condamnes donc pas ?
 
Yan : 
— Faudra-t-il poursuivre nos boucheries, ou ai-je aussi le droit de donner une chance à la vie ?
 
Jeph : 
— Je ne me sens pas dans la plus grande des formes…
 
Yan : 
— Offre-toi quelques jours de repos et de silence en notre Plark, avant de reprendre la route.
Sois toujours plus discret.
Personne ne saura ce qui s’est passé ici, excepté celles et ceux qui en ouvriront le livre[ii].
J’ai confiance en Pièr pour nous offrir une saine gestion de notre bibliothèque. Elle continuera ainsi, je l’espère, à s’accroître avec de nouveaux volumes !
 
Jeph : 
— Plaise à vous, à nous, que ce soit en livres aux histoires moins douloureuses.
 
Pièr : 
— Je mesure ma charge.
Vous pouvez me faire confiance.
 
Yan : 
— Nous ne nous reverrons probablement plus.
Prends soin de toi et bonne quête, Yeph !
 
Pièr : 
— Yeph ?
 
Yan : 
— Je t’expliquerai…
 
Pièr : 
— Peut-être te retrouverai-je, Jeph, euh, Yeph… Tu sais que notre terre est ronde.
Tu sauras où me retrouver, une fois consolé.
On se console toujours[iii].
 
Yeph : 
— Je ne sais pas.
Je ne sais pas…
Tant de morts absurdes me font barrage à la joie, au bonheur…
Une nouvelle fois, me voici seul, alors que je venais de croiser des vivants…
Je ne sais que penser encore de tout cela.
Cependant un jour viendra j’espère, où, apaisé, j’écrirai cette histoire…
Une aventure de plus pour senser ma vie ?


[i]            Merci à Michel de MONTAIGNE dont voici le texte aujourd'hui effacé qui fut écrit sur le mur de sa bibliothèque, dans sa tour d'écriture, en Dordogne.
Cette bibliothèque fut réalisée pour faire mémoire de l'amour qui unissait les deux amis, Michel et Étienne.
Les livres ont disparu, mais la tour est toujours visitable pour s'imprégner de l'énergie formidable de l'écrivain (le texte est donc celui qui rend hommage à son grand amour Étienne de La BOÉTIE, né en 1530 et décédé au château de Castéra en 1563).
« Michel de MONTAIGNE, privé de l'ami le plus tendre, le plus cher et le plus intime, du compagnon le meilleur, le plus savant, le plus agréable et le plus parfait qu'ait vu notre siècle, voulant consacrer le souvenir du mutuel amour qui les unissait l'un à l'autre par un témoignage de la reconnaissance et ne pouvant le faire d'une manière plus expressive, a voué à cette mémoire tout ce savant appareil d'étude, qui fait ses délices ».
Après la mort d'Étienne de La BOÉTIE, Michel de MONTAIGNE a écrit aussi (deux extraits des Essais en mémoire de cet amour) :
« Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte.
Nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part »…
« Je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant :
Parce que c'était lui, parce que c'était moi ».

[ii]           Apocalypse, 22. 18.
Encore faudrait-il en briser les sceaux tout en brisant certainement quelques sots !

[iii]           Merci à Antoine de SAINT-EXUPÉRY avec qui je ne suis absolument pas d'accord, à mon grand regret… sur l'idée qu'il affirme en vérité : "que l'on se console toujours"…
Oui, comme j'aimerais parfois me consoler !



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© Le cycle de l'Austrel, tome premier : Souvenir d'un amour, des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste.
Fin de la onzième partie.
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​L'usage désolant d'un extrait de cette œuvre, pour calomnier, serait une bassesse journalistique de plus que l'auteur réprouverait avec véhémence.

Si vous voulez la version 2016 de Souvenir d'un amour, osez acheter le livre, en quelques clics… et il est chez vous en moins d'une semaine !
Profitez si le cœur vous en dit, pour obtenir le tome deux : Notre sauveur !
L'auteur, Yves Philippe de Francqueville, reçoit 3* par livre vendu ! Cela lui permet d'avoir toujours plus de plaisir à écrire… sans l'inquiétude des finances !

Déjà douze livres publiés… 
et vous êtes au premier novembre 2014 très fidèles aux sites et blogs d'Yves Philippe de Francqueville : une moyenne entre 10.000 et 15.000 visites chaque mois depuis mai 2013. Merci pour l'auteur !
Mars 2016… Toujours autant de visites mensuelles : entre 12.000 et 15.000… C'est heureux.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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