• Préambule
  • Cycle de l'Austrel
    • Tome premier : Souvenir d'un amour >
      • Première partie
      • Deuxième partie
      • Troisième partie
      • Quatrième partie
      • Cinquième partie
      • Sixième partie
      • Septième partie
      • Huitième partie
      • Neuvième partie
      • Dixième partie
      • Onzième partie
      • douzième partie
      • Treizième et dernière partie
      • Notes philosophiques
    • Tome second : Notre Sauveur
    • Tome troisième : Comme une abeille hors de sa ruche… >
      • Première partie
      • deuxième partie
      • Troisième partie
      • Quatrième partie
      • Cinquième partie
      • Sixième partie
      • Septième partie
      • Huitième partie
      • Notes philosophiques
    • Tome quatrième et dernier : La mort de l'Archyeur
  • Solitude étrangère
    • Table des poèmes du recueil Solitude étrangère, écrit par Yves Philippe de Francqueville >
      • Vérité, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • MAMAN, acrostiche extrait de Solitude étrangère, poèmes de Yves Philippe de Francqueville
      • Pardon, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • C'était Hier, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Je suis seul à rêver, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Lumière, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Tempête de nuit, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Sourire, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Ton doux visage, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Puisque tu m'aimes, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Regret, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • La route monotone, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Reflet, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • J'ai aimé ton regard, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Je ne suis pas Rimbaud, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Montagne et solitude, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Solitude et ennui, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Souvenirs, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L’ange, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L’amant, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Folie, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Révolte, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • L’orage, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Vous n'êtes que du vent… un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Déraison d'un poète malade… un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Hommage, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Artiste, lève-toi ! Un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Vivre jour après jour, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • La Lune, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Quand l'ombre gagne… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • La fin du jour, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Laisse-moi te donner… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L'adieu, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L'image, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • L'hérédité de la Genèse, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L’audacieux, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Le grand inquisiteur, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Alors, je suis moins seul… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Si j'écrivais l'Histoire, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Amertume, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Je l’ai vu s’en aller… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Mon heure aussi viendra, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Mémorial, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Création, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Le Vagabond, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Rappelle-toi ces jours…un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Présence, une chanson de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • La coupe était si belle, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Pourquoi m'as-tu quitté ? Un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Doutes… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Dilection, un poème de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Le grand combat des anges, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Encore quatre jours, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L'envol, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L'exilé, extrait de Solitude étrangère, poèmes de Yves Philippe de Francqueville
      • Misère, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • J’avais besoin de toi… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Je retourne au néant, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Liberté, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Solitude, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Innocence, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Mon dieu guérit, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Dieu guérit, acrostiches de Solitude étrangère, par Yves Philippe de Francqueville
      • Paradis, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Petit homme, une chanson de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Impromptu, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Le retour, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Espérance, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Victoire, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Narcisse, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • L’oiseau gris, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Le cygne, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Peut-être aurai-je un soir… un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Départ, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Regard d'amour, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
      • Jolie dame, un poème de Solitude étrangère par Yves Philippe de Francqueville
  • Enfance, Amours et Sexualité
    • Être enfant dans le monde
    • Dis papa, dis maman… C’est quoi un pédé ?
    • L’humain et son besoin de rencontres ?
    • On développe un peu… Femmes, hommes… Qui sommes-nous ?
    • Plaisirs et dangers…
    • En conclusion, pour le quotidien…
    • PETIT LEXIQUE original et libéré, sur la vie et la sexualité !
  • Troisième acte
    • scène première
    • scène seconde
    • scène troisième
    • scène quatrième
    • scène cinquième
    • Scène sixième
    • scène septième
    • scène huitième
    • scène neuvième
    • scène dixième
  • Quatrième acte
    • Lettre ouverte aux vivants, par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
    • Un Article d'un journaliste, oui, dont je ne puis plus citer le nom en raison de procédures judiciaires nouvelles à mon encontre décidées par lui-même en relecture par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
    • Un second Article d'un journaliste, oui, dont je ne puis plus citer le nom en raison de procédures judiciaires nouvelles à mon encontre décidées par lui-même, du Midi libre en relecture par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
    • Troisième article d'un journaliste, oui, dont je ne puis plus citer le nom en raison de procédures judiciaires nouvelles à mon encontre décidées par lui-même vs Yves Philippe de FRANCQUEVILLE
  • Sites et blogs…
Yves Philippe de Francqueville, mémoires d'un pirate
© Le cycle de l'Austrel,
tome premier : Souvenir d'un amour,
​des écrits de Yves Philippe de Francqueville,
​pirate des mots et philanalyste en herbe.
Deuxième partie :












[Dans la cellule de Yeph.]



Tomas : 
— Je dois venir avec toi…
L'insécurité gagne…
Je suis très prudent, mais la fuite me semble inévitable… sinon, il y a de très fortes probabilités pour que je sois pris dans une des rafles, et déporté dans un des CEI, greffé de force par le Centre…
 
Yeph : 
— Que faire, petit frère ?
Tu sais que ma cellule dans la Cité est strictement limitée à une place. Les Glaurcks ne nous laisseront jamais passer à deux — surtout que nous sommes du même sexe — avec une seule carte jaune.
Tu es sain, comme Chris.
C’est certain, vous intéressez particulièrement le Centre pour son projet, mais rien n’est encore défini.
Ils s'attachent pour le moment à ghettoïser les castes intermédiaires.
Je suis encore à réfléchir sur une porte de secours pour nous épargner cette fichue greffe seconde… sans trouver cependant de solution efficace.
J'ai vraiment peur pour toi.
​
Tomas : 
— Les lois ne sont pas encore promulguées pour notre classe sociale, c’est vrai.
Si cela devait arriver, nous serions inévitablement séparés !
 
Yeph : 
— Peut-être…
Ah, comment donc en sommes-nous arrivés là ?
Je veux croire autrement. La crainte de se perdre est angoissante.
Non…
Il doit y avoir une possibilité au-delà de l'offre binaire réductrice.
Voici ce que j'espère : si tu es en accord et si tu as confiance en notre gémellité, cela peut fonctionner. Nous saurions nous réaliser comme Peter et Pan dont je t’ai souvent conté l’histoire et le mythe.
J'aspire tant à vivre en liberté avec toi. Je crois sincèrement en l'amour humain, plus fort que tout.
Alors, quoi qu’il arrive — même si le Centre supprime l’un de nous deux, ou si l’on nous oblige à laisser notre mémoire psychique s’autonettoyer — il serait impossible que nous nous perdions l’un et l’autre.
Si je mourais physiquement, tu serais alors toi et moi réunis et de même, si tu étais kryfluxiré, alors nous serions définitivement un en moi.
 
Tomas : 
— Mais comment cela ?
 
Yeph : 
— Principalement parce que nous nous aimons.
L’amour est une source d’énergie plus forte que tous les pouvoirs, que toutes les prisons.
Notre soif de connaissance est la même ; notre quête de liberté rejoint l’absurde de l’existence de l’humain sur cette petite planète que nous ne savons même pas situer dans l’idée donnée de l’univers…
Tu existes et j’existe simplement parce que nous nous aimons. L’autre n’est rien s’il n’entre pas dans notre monde… alors soyons libres de tout envisager.
Continuons donc notre chemin, tant que la vie nous mène à travers le temps des hommes !
 
Tomas : 
— Tu pourrais presque faire peur, parfois.
Ah… l’amour qui me lie à toi est source de confiance… au-delà de notre gémellité.
Je me souviens de Peter et de Pan.
Oui, l’unité est possible, oui elle me tenterait même. Cependant, si nous étions tous les deux détruits, morts… achevés, que resterait-il de tes très beaux projets ?
Vas-tu me présenter une nouvelle théorie où entreraient en compte des notions divines ?
 
Yeph : 
— Tu te souviens du dernier livre…
 
Tomas : 
— Celui que j’ai trouvé sur ma couche la nuit dernière ?
 
Yeph : 
— Tu t’en es instruit ?
 
Tomas : 
— Oui, j’ai lu ce vieux texte intitulé « la Genèse ».
Certes, la lecture des premiers chapitres aurait suffi, si la curiosité ne m’avait poussé à terminer l’ouvrage.
 
Yeph : 
— Il me semble que tu as trouvé — grâce à lui — quelques portes à nos premières questions ?
Tomas : 
— Néanmoins pas réellement à ma dernière interrogation !
 
Yeph : 
— Commençons par nous situer dans cette notion de gémellité qui nous protège et nous construit.
 
Tomas : 
— C’est acquis : si nos corps diffèrent pour les multiples raisons hors de notre contrôle, nos esprits sont issus des mêmes gènes et notre propre cœur permet de nous retrouver.
Mon âme est unique !
 
Yeph : 
— Soit, et pour cela…
 
Tomas : 
— À moi, si tu le veux bien.
L’histoire se situe donc avant ce que le texte nomme “la Chute”.
L’humain, lorsqu’il fut créé, issu de la terre nourricière — je n’ai pas encore développé ce sujet, mais je préférerais dire lorsqu’il se créa — était esprit unique dans un corps de chair. C'était alors un bipède, animal parmi d'autres, apte à une évolution dans une nature où il devait se complaire.
 
Yeph : 
— Oui, je te suis. Sans croire à un surgissement spontané de la vie biologique ni à une évolution exclusivement darwinienne…
Adam, pour donner une légitimité relative à cet écrit, était “un”.
 
Tomas : 
— Pourquoi pas !
Alors, l’humain commençant à penser, s'est vite cru supérieur et n’a pas su accueillir la nature… en rejetant par orgueil, son origine minérale et végétale.
Il a de même refusé la rencontre et le partage avec les autres animaux, issus comme lui des balbutiements de cette création.
Il en sera hélas ainsi avec ses semblables et celles et ceux qui le suivront.
 
Yeph : 
— C’est bien là le drame.
L’humain est totalement égocentré : il est incapable de s’intéresser à l’autre, et ne trouve même pas de plaisir à s’apprécier lui-même !
 
Tomas : 
— Alors le “père” de ton Adam, son “créateur”, se lasse d’entendre sa filiation gémir.
Fatigué de le voir se refuser dans son unité — ce qui le rendait incapable de s’ouvrir au monde — il crée son “ego” à partir de son “un”.
 
Yeph : 
— Eh oui, cher Tomas, la légende de la Genèse nous l’explique bien : Adam était persuadé d’être achevé, il se croyait parfait… ne sachant cependant rien de lui-même.
Alors, dans ce livre, le créateur de cet “un” crée — issu de lui-même — une partie de son “un”, qu’il pose face à lui.
C’est une manière de nous donner le droit de comprendre que lors de notre naissance, il y a en nous tout le potentiel pour devenir “humain”. Cependant, l’acte de prendre corps nous oblige à tout apprendre de ce que nous sommes, dans l’histoire de l’homme depuis tant et tant de générations… et à réaliser l’unité des deux arbres de demi - gènes qui créent notre branche nouvelle !
 
Tomas : 
— Nous naissons donc inachevés…
C’est ce que tu nommes la phase narcissique, avec la découverte et l’apprentissage du cœur comme lien entre le corps et l’esprit.
Éveiller le cœur, c'est donner naissance à l'amour humain… Nous nous élevons de notre nature animale.
 
Yeph : 
—  Oui.
Le fait de jaillir au-devant de nous-mêmes, saurait nous permettre enfin d’apprendre et d’aimer.
Aussi, par la soif de la connaissance de son moi, l’homme se doit-il de créer l’unité de son ADN pour rejoindre la nature et la reconnaître en lui.
 
Tomas : 
— Il apprendrait ainsi à aimer ses semblables. La nature minérale, végétale et animale, constitue l’ensemble des liens indispensables pour arriver à comprendre l’être unique que nous sommes.
J’aime beaucoup à retrouver les derniers espaces de montagnes oubliés par les relais traxils.
Marcher dans ces terres préservées me semble primordial.
 
Yeph : 
— Il est vrai que certains — à trop user de la téléportation — finiront par perdre l’usage de leurs jambes !
 
Tomas : 
— Que fais-tu alors des termes Adam et Ève ?
 
Yeph : 
— Oui, pardon.
Pour revenir aux textes écrits à l’origine avec des caractères de type proto-sémitique, sache que les consonnes seules — utilisées en méthodes mnémotechniques — permettaient de se souvenir globalement d’un texte.
Par une autre gestion de la traduction, avec un usage différent des voyelles, cela donnerait dans ma recherche pour Adam : « l’un, accompli, issu de la terre » et pour Ève : « l’amour, le lien, l’espace du cœur ».
 
Tomas : 
— L’amour est issu de l’un…
 
Yeph : 
— Donc Adam le bipède + Ève amour = Adam l'humain !
 
Tomas : 
— C’est un raisonnement aussi mathématique que philosophique.
 
Yeph : 
— Notre esprit créé se trouve divisé par la mémoire de l’ADN, inscrite dans les demi-gamètes de nos géniteurs lors de la conception. La vie apparaît, originale, semblable à deux couleurs qui se mélangent… Le corps s’harmonise au cœur pour servir l’esprit.
 
Tomas : 
— La philanalyse prendrait donc naissance de l’étude de ces racines majeures qui nous fondent.
 
Yeph : 
— Oui, c’est bien cela : “l’analyse de l’amour humain”, qui vise à trouver en nous les liens entre le corps, le cœur et l’esprit.
Il nous faut unir le corps à l’esprit, en utilisant la notion de cœur.
Nous sommes issus d’une femme et d’un homme, eux-mêmes les résultantes d’une multitude de liens généalogiques, formant l’âme générique qui permet la vie.
Je crois ainsi en l’immortalité de l’âme.
 
Tomas : 
— Moi aussi, mais je ne la limite pas juste à une construction filiative…
 
Yeph : 
— C’est vrai.
Je l’ai toujours pensé : nous descendons aussi bien des fruits que des branches !
Je sais puiser dans les âmes des vivants pour me nourrir… De même, lorsqu’un être meurt — au-delà de ce qui est hérité de par la naissance, ou de l’instruction au quotidien — il y a tant à recevoir de cette énergie qui se libère du corps qui s’éteint !
Je suis plus fort d’avoir pris en moi tout ce que j’ai pu, lors de la mort de Bruno, par exemple. Une belle partie de son âme a ainsi développé davantage la mienne !
La mort est une explosion d'énergie comme une planète qui deviendrait soleil… À celles et ceux qui s'y relient d'en puiser l'énergie de vie.
 
Tomas : 
— Je comprends tout à fait cette approche de l’immortalité et cela éveille en moi beaucoup de questions…
 
Yeph : 
— …Auxquelles la philanalyse saurait commencer à répondre par de nouvelles questions : c’est aussi l’art de découvrir qu’au-delà d’un corps, nous avons un cœur unique qui sait lui-même raisonner, ressentir ; que notre matérialité n’est pas simplement pulsion, mais réflexion et sentiment et que l’unité de l’âme s’acquiert au prix d’une harmonie quotidienne.
Enfin il nous est donné de saisir par cette étude de l’amour humain, que notre esprit — si raisonnable soit-il — a en lui ses espaces de peine, de joie, de souffrance et de folie !
 
Tomas : 
— Tout semble simple…
Quoiqu’en lisant ce livre, hélas, je ne puis que constater le drame symbolique de « la Chute ».
Elle n’a, semble-t-il, strictement rien à voir avec la sexualité ou une quelconque crainte de notre corps : cette chute est liée vraisemblablement à ce désir — chez nous tous — de vouloir savoir sans apprendre. Cet orgueil dont je parlais, de nous croire dominants.
Dans l’homme qui se rend directement à “l’arbre de la connaissance”, pour en manger sans mérite les fruits, je vois ce refus de l’instruction causé par la suffisance, l’arrogance face à la création.
L’être humain a toujours cru commander la nature. Puisqu’il se sentait si supérieur… il pensait que tout était réalisé pour lui, alors qu’il n’est qu’un élément du monde. Cela nous condamne aujourd’hui à naître ignorants !
L’homme — s’il n’étudie pas — ne saisira jamais qu’il doit s’achever par l’unité de son âme, issue de deux demi-mondes si vastes en histoires.
 
Yeph : 
— Et apprendre, comprendre… cela nécessite parfois des milliers d’années !
 
Tomas : 
— La plupart des êtres humains, en effet, ne savent pas commencer cette quête d’eux-mêmes. Dès lors, comme ils ne trouvent pas leur moi, la nature les limite — si cela s’avère utile à son cycle — à la procréation… Jusqu’à ce que l’un ou l’autre — portant du fruit — achève la route, en retrouvant son unité.
 
Yeph : 
— Conscients d’être “un”, ou pas… nous pouvons donner naissance.
 
Tomas : 
— Cependant, celui qui n’a pas trouvé son unité est limité à l'illusion procréatrice : en effet, l’homme commence à donner vie lorsqu’il se pose des questions sur son propre être… et qu’il y a jaillissement !
Il devient créateur.
 
Yeph : 
— Oui, tu as raison… et je pense que son œuvre prend forme dès le moment où il entre dans cette quête d’harmonie.
 
Tomas : 
— Et même déjà lorsqu’il a pris conscience de l’absurdité de cette aventure… choisir la vie, c'est en effet accueillir la mort : une autre histoire qui s'annonce !
 



[Apparaît Franch.]


 
Franch : 
— Hello les jumeaux !
Il me semble que cela fume dur !
En pleine reconstruction de la Cité ?
 
Tomas : 
— Ce n’est pas tout à fait exact, Franch.
Tu sais que le Centre souhaite une société nouvelle, totalement greffée, pour diriger le peuple vers la perfection. C'est finalement stérile.
Nous préférons offrir à l’individu le choix de s’élever par lui-même. Cela lui donne la chance de vivre un jour dans une société en accord avec ses aspirations !
 
Franch : 
— Et que faites-vous de celles et ceux qui ne souhaitent pas apprendre auprès de vous ?
Vous procéderiez comme lors de la Chalystime ?
La solution par le vide ?
 
Yeph : 
— Non, tu le sais !
J’aime et je protège la vie et la liberté, plus que tous les systèmes.
Nous tentons de prôner les valeurs, sans être emprisonnés de lois morales[i], afin de respecter au mieux l’espace-temps de chacun !
 
Franch : 
— Merci Yeph, tu me laisses donc la liberté de ne pas rechercher uniquement l’évolution angélique !
C’est déjà ça.
Mais quelles réactions de ta part, vis-à-vis des refus ?
As-tu une proposition à faire, lorsque tu te trouves face à celles et ceux qui refuseraient de te suivre dans tes idées ?
Si l’on ne pense pas comme toi ?
 
Yeph : 
— Je n’ai pas la vérité.
J’annonce que nous sommes libre d’apprendre, c’est tout…
 
Franch : 
— Nous laisserais-tu la liberté de ne pas apprendre ?

Yeph : 
— Plutôt, oui !
Cependant, si tu es toujours curieux, tu peux te joindre à nous…
À ce propos, nous avions une dispute constructive sur la notion de femme et d’homme à partir d’écrits fort anciens.
Alors…
Qu’as-tu saisi Tomas, de la suite de la Genèse ?
 
Tomas : 
— La même analyse que toi, je pense.
 
Franch : 
— Fais attention à toi, mon cher ami.
Yeph aspire peut-être à te dominer et à imposer sur toi une supériorité par l'affectif et le savoir acquis.
Il saurait certainement facilement te soumettre en raison d’une connaissance plus développée, facilitée par son grand âge ?
Il peut aussi dominer ton corps…
 
Tomas : 
— Sous-estimerais-tu la force vive de ma jeunesse… et mes talents ?
 
Franch : 
— Pas tes talents cachés !
 
Tomas : 
— J’aime ta délicate attention !
Ton amour pour moi exigerait une exclusivité ?
Un peu de jalousie, cher Franch ?
 
Yeph : 
— Ah, le corps…
Physiquement, nous sommes créés, je pense, pour naturellement rencontrer le corps de l’autre, afin de prolonger la race, l'espèce humaine.
Pour l'amour, nous avons beaucoup à apprendre… à découvrir !
 
Franch : 
— Ah oui ?
Je n'ai pourtant pas de désir lié à la reproduction… c'est très animal tout cela !
 
Yeph : 
— Bien entendu.
C’est un besoin qui se trouverait dans nos gènes.
Un corps d’homme a pour finalité celui de la femme et inversement[ii] !
 
Franch : 
— Et comment situer les êtres qui ne désirent pas l’autre sexe ?
 
Yeph : 
— Le corps de l'homme est appelé par le corps de la femme et inversement ; il raisonne, ressent par et pour lui-même. Saurait-il cependant se suffire à lui-même ?
C'est là ma grande interrogation…
 
Franch : 
— Soit !
Tu penses donc qu’il n’y a pas de réalité physique autre que celle du corps sexué pour faire de nous des géniteurs…
 
Tomas : 
— À l'origine, oui.
C’est ainsi dans toute la nature en évolution : pour beaucoup d’animaux et de plantes, dont nous sommes issus — si nous nous donnons la peine d’étudier notre ADN — un géniteur reste un être de passage.
 
Yeph : 
— Notre animalité…
 
Tomas : 
— Nous sommes des bipèdes, pas si éloignés des grands singes, en fait.
Transmettre la vie, c’est une étape pour permettre peut-être un jour à l’être humain de devenir ?
De génération en génération, allons-nous évoluer en hommes ?
 
Yeph : 
— D'une réalité physique primaire, certainement le cœur s'éveillera ?
C’est pour cela qu’il pourrait être écrit :
« L’homme quittera ses géniteurs. Il s’unira à son propre amour et fera “un”[iii] ».
 
Franch : 
— Et s’il n’en a aucune envie ?
Je ne désire absolument pas être un bourdon dans la ruche, encore moins donner naissance à une branche de plus.
Est-ce donc parce que je suis arrivé à la fin d'un cycle ?
Suis-je donc enfin humain pour ne pas souhaiter perpétuer la race ?
 
Tomas : 
— Ah oui… tu as raison : il peut y avoir, dans l'évolution de l'animalité à l'état d'humain, cette absence de nécessité à avoir une descendance.
Mais dans le choix de la procréation, y a-t-il le désir d'aimer, sans être limité à une programmation génétique ?
Devenir soi-même géniteur, par peur de sa propre mort, c’est peut-être renoncer à achever son “moi”. C’est se réduire alors à une simple étape dans le cycle de la nature, sans trouver une finalité à notre vie.
Cependant, refuser de donner la vie n'est pas nécessairement le signe d'une évolution…
 
Franch : 
— Je n’ai pas pu donner de sens à mon existence.
À t’écouter, me limiter à être géniteur accroîtrait davantage mon ennui et mon manque de goût pour cette vie.
Mes idées suicidaires sont grandes !
Il me reste encore le plaisir d’être "un" avec toi, lorsque nous nous aimons…
 
Tomas : 
— Ne pas se reconnaître dans l’obligation d’être géniteur n’est pas une forme de rejet du corps, c’est une invitation à rechercher à d'autres dimensions dans la rencontre… dont celle du cœur !
Réunir son “moi” par la rencontre de l'autre sexe ou du même, issu de “l’un” unique… c’est toujours achever la création.
 
Franch : 
— Je me plais aujourd’hui avec moi-même, et j’ai mes amis, mes amours… n’en déplaise à l’Austrel !
 
Tomas : 
— C’est vrai !
Ne pas rencontrer celui qui nous ressemble, se contenter de la quête du sexe différent, est un manque cruel manifeste d’ambition.
La Cité nous forme en rejetant de nous l’idée du semblable et nous pouvons perdre de vue — par ce fait — notre propre image.
​
Yeph : 
— Je pense que tu as bien raison.
Après la découverte de son moi, l’humain a besoin de se comprendre en regard du même. C’est ce que nous avons nommé la prise de conscience homophile.
 
Franch : 
— Et cela me satisfait pleinement.
 
Tomas : 
— La saisir en mon être et la vivre, m’a sauvé aussi ; je me suis éveillé à l'amour et j'ai pu développer ma puissance créatrice… révéler mes talents.
L’Austrel informé, nous serions condamnés pour bien moins… mais quel bonheur !
Avant de vous retrouver, je restais un simple esprit frustré devant le corps de l’autre similaire, que je craignais d’aimer.
Cette peur, construite par les membres du Conseil, fragilise terriblement à mes yeux les êtres de la Cité.
Personne ne sait qui est cet autre-même-tabou, et cela nous enferme finalement dans une non-connaissance de nous-même.
 
Yeph : 
— Hélas, oui.
Cette réalité de notre conscience homophile semble réellement indispensable pour nous accomplir.
Elle est le lien continuel entre la rencontre narcissique et le partage hétérophile.
C’est comme le cœur, entre l’esprit et le corps.
 
Tomas : 
— Tu estimes donc que cette conscience homophile n’est pas seulement une étape — une simple phase — dans notre vie et qu’il est important de ne pas la quitter ?
 
Yeph : 
— Oui, j’en suis convaincu : elle appartient à notre chemin de vie.
De notre naissance à notre mort, elle harmonise notre capacité à communiquer.
 
Franch : 
— Tes théories humanistes me laisseraient donc le droit de vivre ?
 
Tomas : 
— Alors que penser de celles et ceux qui furent pour la plupart aussi kryfluxirés ?
Ils étaient nommés « homosexuels ».
Ces êtres — présentés comme issus d'une « sous race » dégénérée — furent combattus à mort par l’Austrel !
Le Centre nous explique qu’ils vivaient dans l’idée déviante de ne pas aller vers l’autre sexe.
Ils étaient considérés comme des malades qui s’emprisonnaient avec un amour pervers exclusif, dans une fausse image d’eux-mêmes.
Leur vie, opposée aux intérêts de la Cité, risquait de la corrompre.
 
Franch : 
— Il en existe toujours. Il y en a davantage chaque jour !
 
Yeph : 
— Il n'y en a pas plus hier qu'aujourd'hui et qu'il n'y en aura demain…
L’Austrel s’est joué de la peur de la maladie et des anciennes croyances pour éliminer des êtres certainement évolués, mais c'est un leurre. Une tactique classique pour renforcer un pouvoir, en désignant des coupables…
L’exclusion par la règle…
Ils représentaient certainement un danger pour le projet angélique des membres du Conseil. Dans les temps les plus sombres, même ceux qui étaient affaiblis physiquement se montraient beaucoup trop libres…
Je pense cependant que l’homosexualité n’existe pas…
C’est pour cela — d’ailleurs — que le Haut Conseil a fait supprimer ce mot des dictionnaires !
 
Tomas : 
— Pourquoi te contredis-tu ?
 
Franch : 
— C’est une blague ?
Tu nous confonds tous, et tu te renies avec tes propres arguments…
Yeph, à quoi joues-tu ?
Montre-moi ta nuque, s’il-te-plaît.
Je pense que tu as dû être greffé à l’insu de ton plein gré !
 
Tomas : 
— Je ne comprends plus…
 
Yeph : 
— Je vous prie de m'excuser.
 
Franch : 
— Dis-moi donc… qui es-tu ?
Vas-tu nous dénoncer au Conseil du Centre et virginiser ton passé dévoyé en t’autonettoyant ?
Là, je perds pied…
Tu es finalement comme le petit Sako…
J’avais en toi une rare confiance.
Je suis bien seul maintenant !
 
Yeph : 
— Ne vous révoltez pas ainsi.
Pourquoi cette peur soudaine ?
 
Tomas : 
— C’est bien compréhensible…
 
Yeph : 
— Écoutez…
Je refuse l’idée de voir l’humain figé dans une pseudo-réalité limitée.
Accepter l’homosexualité comme une fin en soi — comme une exclusivité — c’est penser que l’homme peut aussi être naturellement sclérosé en n’étant que narcissique ou en ne se construisant que sur l'obsession de l'autre sexe !
Nous sommes trois : corps, cœur, esprit, dans notre unité intérieure.
Nous sommes aussi trois : narcissique, homophile et hétérophile dans notre découverte du monde extérieur.
Tant qu’il nous reste des peurs, des angoisses à surmonter — voire des absences de désir — nous ne pouvons prétendre à l’harmonie.
Prenez garde au temps qui passe !
Ne vous réveillez pas trop tard de vos certitudes…
L’humain sait aussi rencontrer l’autre dans le cœur et l’esprit, avant d’accueillir le plaisir possible de l’échange de fluides.
 
Franch : 
— Là, tu vas trop loin…
Ne joue pas avec les mots.
Es-tu homosexuel ?
Oui, ou non ?
 
Yeph : 
— Non…
Et oui !
 
Franch : 
— J’ai bien envie de te casser la tête !
 
Tomas : 
— Moi aussi, Franch !
Cependant, si les propos de Yeph sont étranges, à nous de trouver la contradiction avant de le combattre !
Que dis-tu donc, si quelqu’un comme Franch s'affirme heureux et en suffisance en vivant seul, ou uniquement avec une personne du même sexe ?
 
Franch : 
— Pas de fuite !
Réponds !
 
Yeph : 
— Il y aura toujours des certitudes cachées derrière une dysharmonie du cœur avec le corps et l’esprit.
Pourtant, nous sommes aussi dans l’erreur, en regardant la vie sur une échelle temporelle très restreinte.
Notre corps est complexe, notre esprit aussi. Pour le cœur, c’est encore plus délicat !
Le besoin animal reste cependant toujours dominant.
 
Franch : 
— Je me sens très humain, avec des pulsions très libérées… et sans manque !
 
Yeph : 
— Bien sûr, Franch.
Je m’explique : il est tout à fait compréhensible qu’une femme ou un homme se suffise dans son unité, et vive en paix et heureux, avec une sexualité inactive sublimée ou vivante.
Il semble également possible que deux personnes du même sexe partagent ensemble leur existence d'une manière harmonieuse et puissent s’aimer sans besoin physique hétérophile ressenti.
Cela peut être vrai pendant toute la durée de leur existence commune.
Cependant, pour tous et chacun, deux jours de plus, une situation précise, et le désir différent saurait naître simplement !
 
Franch : 
— Tu présentes donc l’hétérophilie comme inévitable ?
 
Yeph : 
— Non.
Je dis que c’est naturel et réalisable.
Je réfute l’idée figée de l’impossible, pour ouvrir à la question de la pluripossibilité.
C’est un rejet de l’exclusivité ou de la généralisation, pour accueillir la potentialité.
Il n'y a pas de certitudes aujourd’hui, autrement établies par des sondages, des statistiques ou des probabilités, ou encore des étiquettes…
Ce sont les jeux préférés du pouvoir que de nous persuader d’une uniformité saine, et de nature divine.
La différence serait exception, et entraînerait l’erreur… naturellement diabolique !
C’est la prise de conscience de notre unicité dans la temporalité, qui saurait nous rendre libres.
 
Tomas : 
— J’aime ton analyse du droit à la différence !
Mais pour revenir à notre capacité relationnelle : selon toi, un homosexuel serait une personne souffrant de sa part hétérophile non vécue. Un hétérosexuel, lui, souffrirait de la même manière, du fait de l’oubli ou de la frustration de sa part homophile…
Dans tes propos de sémantique générale, l’exception disparaît donc ?
 
Yeph : 
— Elle existe toujours, lorsque l'on se persuade d'une universalité… lorsque l’on se borne au jeu réducteur de l’espace et du temps.
L’exception, Tomas… serait l’être — libéré de tout carcan — qui aurait surmonté ces épreuves !
Les jeux de statistiques et de pourcentages — ces études savantes si chères aux psychologues diplômés du Centre — réalisés afin d'élaborer les lois de la Cité, imposés à tous au nom du primat de la majorité… relèvent vraiment de la fumisterie.
Oui… lorsque l’on fixe de nouvelles règles avec des limites, des obligations ou des interdits, fondés sur les réactions d'un échantillon de population dit "représentatif"… il y a nécessairement des éléments qui n’entrent pas dans les grilles ou les ensembles proposés. On les rejette ainsi comme des erreurs, ou parfois aussi, comme des monstruosités.
Parfois ils sont combattus, rejetés ou même oubliés.
Et si nous pensions alors qu'à d'autres échelles, en d'autres lieux, en d'autres temps… un être exceptionnel deviendrait la normalité ?
Aujourd’hui, pour réaliser une étude réellement significative sur la population, il faudrait rencontrer chaque individu dans son intégrité.
Un chercheur — il y a fort longtemps — avait étudié "la" mouche drosophile… il en a épinglé plus de deux millions : elles étaient toutes différentes… et il devait y en avoir d’autres encore… par millions, par milliards, peut-être… certainement.
Il a alors décidé d’arrêter sa quête qui n'intéressait personne… pour se consacrer à l'espèce humaine et à sa nature sexuelle. Hélas, les autorités de l'époque n'étaient pas plus évoluées que le Haut Conseil de l'Austrel aujourd'hui… et son travail — vite interdit — n'a pas été reconnu[iv] !
Il y a des êtres différents partout — au sein de la foule monolithique ou binaire — conscients ou non de leur pluripossibilité.
 
Tomas : 
— Les individus hors de la normalité !
Les I.H.N.
 
Yeph : 
— Pas tout à fait : je les précise Hors de toutes les Normalités !
Mes recherches se fondent sur l’idée d’un univers en expansion.
Les exceptions peuvent êtres des substituts aux interdits dans d’autres civilisations que je ne connais pas. Partout, des normalités différentes sauraient exister. Des êtres se trouvent alors en non-conformité naturelle avec un système[v].
Ce que je n’ai pas encore compris est à apprendre… à rencontrer, pour me libérer de la peur de mes peurs.
 
Franch : 
— Donc, j'ai raison… l’être homosexuel peut exister !
 
Yeph : 
— Comme tu le formules — pour permettre à l’homme d'être libre et d’évoluer — je préfère dire que non.
En revanche, l’être homophile, oui.
 
Tomas : 
— Tu joues avec les mots.
 
Yeph : 
— Pas vraiment.
Parler d’homosexualité, cela construit une caste fermée et achevée — un courant d’idées ou une manière de vie qui divise finalement les humains.
Un homosexuel — par sa définition achevée — ne pourrait pas être hétérosexuel : il est donc limité. Ce mot tardif fut créé pour représenter une tare, un mal, une maladie dégénérative… dans une société puritaine et castratrice.
C’est comme le terme « adultère » : il condamnait l’idée d’aimer une autre personne que celle légitimée par l’autorité. Ces vocables appartiennent, avec beaucoup d’autres — comme le mot mariage — à des sociétés manichéennes comme celle où nous sommes contraints de vivre.
Je pense qu’il n’est pas constructif de les conserver.
Définir un être par le mot homophile, c’est juste laisser l’humain libre dans son cheminement et le respecter dans sa sexualité, comme dans ses affects !
Les goûts sexuels de chacun sont à accueillir dans la discrétion.
 
Tomas : 
— C'est vrai… les homosexuels, même si certains avaient fait une "fierté" de leur choix… ne furent jamais vraiment considérés dans la société…
Avant l'Austrel, bien des civilisations en avaient fait une sous-race, avant de tout réaliser pour les exterminer, sous la pression des religions régnantes !
 
Franch : 
— Pourquoi ne pas proposer le mot « bisexuel » ?
 
Yeph : 
— Parce que de nouveau, il y aurait enfermement dans un mode de vie et non une recherche d’ouverture à l’autre.
Il n’y a pas, je pense, d’exclusivité dans la relation humaine.
Aussi, la sexologie est un tout dans la capacité à la rencontre, alors que la sexualité n’en est qu’une petite partie : aimer, rencontrer, désirer, partager avec l’autre ne se limite pas, ne se réduit pas à un acte sexuel. C’est ce qui nous distingue peut-être de l’animalité.
Nous avons aussi un esprit et surtout un cœur.
Nous sommes en quête de l'amour humain… vaste et passionnant champ d'investigation !
 
Tomas : 
— Donc pour toi, s’aimer, peut être vécu plaisamment, avec ou sans sexe.
 
Yeph : 
— J’en suis convaincu, en gardant à l’esprit que le sexe est toujours en action. Il est présent dans toutes les rencontres, qu’il soit explicitement partagé ou non.
 
Franch : 
— Tu vois donc bien la relation sexuelle, homophile notamment, comme naturelle, et non comme une abomination contre-nature ?
 
Yeph : 
— Je pense qu’elle prend même son plus beau sens… lorsqu’elle se présente bien entendu comme une rencontre qui n’est pas trichée.
 
Franch : 
— Explique-toi ?
 
Yeph : 
— Oui, il me semble réel de définir l’humain par sa capacité à aimer. Cependant, dans la sexualité homophile comme dans toutes les sexualités, l’acte physique peut être considéré comme « harmonieux » ou « sublimé » et parfois, hélas : « déviant ».
Soyons précis : pour ce qui est de la relation homophile, puisque vous voulez aborder ce sujet ; lorsque deux femmes s’unissent, ce sont bien deux femmes qui s’aiment. Une femme jouant à l’homme avec une autre femme, n’entre pas dans ce champ.
De même, lorsqu’un homme est comme une femme avec un autre homme, ce ne sont pas deux hommes qui s’unissent. Nous sommes face à un désir transgenre si c’est constructif ou à un jeu déviant, où cela peut être parfois destructeur. Dans ces situations, il ne s'agit donc pas de couples homophiles. Nous sommes plutôt dans une situation hétérophile sublimée ou pervertie.
 
Franch : 
— Tu trouves donc cela mal ?
 
Yeph : 
— Franch, tu sais très bien que j’aspire à ce que chaque être aujourd’hui, soit encore libre de sa vie.
Pervertir, c’est en premier lieu — étymologiquement — transformer une nature en une autre… renverser une situation…
 
Tomas : 
— …Bien et mal, tu le dis souvent, ne sont pas dans tes règles de vie… ni dans les miennes d’ailleurs !
Il est plutôt intéressant en effet, de savoir si un acte construit l’être, ou s'il le fragilise.
Pour ma part, je pense aussi que la dimension d'amour dans la sexualité est plus restreinte qu’on ne le dit.
 
Franch : 
— L’amour, c’est comme je le souhaite : en toute liberté.
 
Yeph : 
— Mais pas en toute légèreté… sinon c’est du sexe, de la « baise » comme certains le disent.
 
Franch : 
— Je ne comprends pas tes dires…
Dans le fait de “s’amuser” à faire l’homme ou la femme… est-ce un jeu, ou faudrait-il le considérer comme une prise de conscience d’une réalité complexe chez certains individus… eux aussi, hors des normalités ?
Et vis-à-vis de l’amour, où commence et où s’arrête donc la sexualité ?
Devons-nous la codifier ?
 
Yeph : 
— Eh bien, la sodomie par exemple, est plutôt difficile à pouvoir être naturellement liée à l’amour. Elle ne serait peut-être pas réellement un acte sexuel premier. Elle est davantage à penser sur au minimum trois registres, dont certains sont plutôt destructeurs : cela peut être un acte de domination pour l'un et alors, de soumission pour l'autre ; là, ce n’est pas de l'amour.
En effet, ce serait donc une volonté de puissance qui guide l'homme ou la femme qui la pratique. C’est aussi un choix de discipline, pour l’être qui s’y adonne !
Une autre possibilité, c’est quand l’acte est vécu par substitution ou en remplacement — le sexe désiré étant absent — et il relève alors d’une hétérophilie sublimée.
Parce que le désir de pénétration, ne l’oublions pas, est terriblement hétérosexuel.
Il est l’acte primaire et pulsionnel animal. Un être homophile, quels que soient ses désirs, garde en lui le fondement même de sa nature, et en puissance il peut agir sans maîtriser nécessairement ses sens, ou simplement parce qu’il souhaite dominer… comme une bête.
Troisièmement…
 
Tomas : 
— Bien entendu, oui…
L’amour humain ajoute les préliminaires à tout acte sexuel… et aimer l’autre peut aller au-delà du besoin instinctif de la reproduction, et de la violence animale qui s’y associe parfois[vi].
Je suis tout à fait en accord avec cette définition.
En ce qui me concerne, je n’ai pas pour le moment le désir de domination ou de soumission… encore moins celui d’être pris comme une femme.
J’aurais le sentiment, par ce jeu, de perdre mon identité que je n’ai pas trouvé facilement.
Ne cachons pas aussi la réalité des complexés et des frustrés, qui ont peur, très peur de leur pénis soi-disant (ou réellement) trop petit à leurs yeux, ou aux yeux des autres, et qui attaquent par derrière, en pensant se sentir plus virils…
Il y a bien entendu — je pense que c'était ton idée suivante — la possibilité de voir la sodomie comme un acte initiatique : un rituel pour entrer dans une société secrète.
Dans cette situation, cela rejoint aussi, finalement, le jeu « dominant–dominé » que tu as présenté, tout en donnant aux acteurs l’idée d’une mission, d’un droit ou d’un devoir.
 
Franch : 
— Belle démonstration…
Je suis presque en accord avec vous deux sur le fond. Vous oubliez encore, cependant, le désir lié au jeu…
Jouir pour le plaisir… quelles que soit les conséquences !
Oui, dans un véritable échange de femmes ou d’hommes libres, chacun peut prendre à tour de rôle la fonction de pénétrant de l’autre, non ?
Il reste aussi la dimension du bien que la sodomie peut procurer à l'autre…
Des chercheurs ont mis au point de nombreux produits pour fluidifier le contact des organes…
Acceptes-tu donc, mon cher Yeph, qu’il y ait un réel un plaisir anal, même si cela peut faire mal ?
 
Yeph : 
— Le problème de la douleur…
Plaisir ou jouissance ?
Mon cher Franch, il y a certes, les désirs de certains (de toi ?)… que tu voudrais peut-être nécessairement rendre universels ?
Cependant, l’amour de l’autre n’implique pas systématiquement cette quête de jouissance… loin de là, je pense !
Il semble que l’onde de choc de cette pénétration, entraîne davantage de jouissance que de plaisir.
Je reste convaincu que pour une majorité des situations, la sodomie reste un acte de nature hétérophile, aux conséquences souvent destructrices, à court ou plus long terme !
Que penser en effet des séquelles, qui peuvent suivre après cet étrange contentement ?
Cela ne me tente pas du tout.
 
Tomas : 
— Un poète philosophe a donné son nom à une forme de jouissance basée sur la douleur, où les partenaires tentent de trouver l'orgasme par tous les moyens… y compris la souffrance, qu'elle soit reçue ou donnée[vii]… Le sadisme ou le masochisme peuvent être sexuels, comme le sadomasochisme, mais ne sont pas nécessairement portés par une relation amoureuse !
Oui… plus prosaïquement, mêler le sang à la merde, même si ce n’est pas systématique, aurait de quoi rebuter certains poètes et esthètes !
Yeph semble préférer l’onde de charme du plaisir.
C’est aussi sa liberté.
 
Franch : 
— C'est vrai.
Vaste programme de réflexions…
En fait, il n’y a guère de réponses satisfaisantes pour définir l’ensemble des possibles !
L’amour humain progresserait sur la sexualité la plus basique, grâce à la considération des désirs de chacun ?
 
Yeph : 
— Eh bien, oui.
Dans la rencontre amoureuse, j’ai pensé qu’il était intéressant de poser des règles, pour que la quête de liberté ouvre davantage sur l’évolution de l’homme : ne pas s’abîmer, ne pas abîmer l’autre… grandir à la rencontre, tout en aspirant voir l’autre grandir aussi !
 
Franch : 
— À retenir…
Cependant, pour revenir dans les complexités humaines, que penser de celle ou de celui qui n’est pas en unité avec son propre corps sexué ?
S’il se sent femme dans un corps masculin ou homme dans un corps de femme ?
Certains peuvent avoir le désir d’être pénétrés… sans avoir de vagin, et d’autres, rêvent de posséder un pénis…
Ces personnes souhaitent vivre un plaisir avec l’autre, et ne recherchent pas nécessairement la jouissance dans la douleur, une soumission ou une domination quelconque : pourrions-nous comprendre qu’ils aspirent à l’amour ?
Tu ne les désignerais tout de même pas comme des malades ?
 
Yeph : 
— Oh non…
C’est une autre histoire.
Et les autres possibilités sont si nombreuses encore !
Il y a notamment l’esprit et le cœur qui peuvent ne pas être en accord avec le corps… et parfois c’est le corps qui ne sait pas comment se décider entre le "masculin" et le "féminin", lors de sa structuration à partir des deux gamètes[viii].
Encore actuellement — dans l'incompréhension totale des médecins “experts” un peu trop sûrs de leurs vérités — une naissance naturelle sur quatre-cents serait dite de “sexe indéterminé” !
La nature — comme l’écrivait Platon, un philosophe des temps immémoriaux — était probablement, à l’origine, hermaphrodite.
L’évolution garde toujours des mémoires qui peuvent surgir en constructions étranges.
Certains êtres, d’apparence masculine, sont probablement des femmes en leur réalité, et inversement.
Il faut surtout les écouter, tenter de les aider — en évitant d'émettre des jugements souvent hâtifs et destructeurs — à se trouver.
Cette complexité physique reste dramatique à ce jour, car notre société n’admet pas facilement que la création puisse présenter des erreurs, au regard de la normalité prônée… surtout lorsqu’on lui attribue des origines divines !
 
Tomas : 
— J’ai lu en effet que les hermaphrodites furent des dieux dans certains Olympes !
 
Franch : 
—  Je suis quelque peu rassuré, Yeph !
J’aimerais cependant comprendre pourquoi tu distingues toujours le sexe de l’amour ?
 
Yeph : 
— Je tente plutôt de présenter ces deux notions comme complémentaires, pour éviter toute confusion.
La sexualité est, et reste biologique, comme j’ai tenté de te l’expliquer.
Oui, avec ou sans amour, pour poursuivre la race, il y a une part non négligeable d’instinct.
Cela s’avère vraisemblable depuis l’origine de la vie.
Notre corps évolue de la naissance à l'âge adulte. La maturité le consolide, puis la vieillesse le fragilise.
Le sexe ne se vit pas de la même manière à sept ans ou à cinquante ans… il faut considérer et respecter la construction physique de chacun pour éviter les drames, les massacres… causés par celles et ceux qui ne se connaissant pas, abîment les autres, en s'abîmant eux-mêmes.
L’amour — sexué ou non — devrait permettre à l’humain de se découvrir, de s’élever, dans une considération mutuelle, sans dominant ni dominé.
C’est probablement ce qui nous différenciera un jour, je l’espère, de l’animalité.
Le corps sexué est le support — détail — utile et nécessaire pour permettre à l’homme “esprit” de retrouver le cœur de lui-même, afin de rejoindre la création.
Alors, avec cette prise de conscience, nous pouvons aller à la conquête de l'univers… et apprendre l’autre !
Je nomme cela la quête de l'amour humain.
 
Tomas : 
— En fait, toute notre vie — à la quête du "moi" — se bâtit sur la recherche de l’autre… sans espace ni temps.
Donc la société — les sociétés — l’histoire de notre humanité… s’est construite, fut inventée de toutes pièces, pour « formater » des géniteurs en leur donnant l’illusion d’une quelconque mission divine.
 
Yeph : 
— Oui, le système social permettrait soit-disant à l’homme de saisir une raison d’être qui le diffère de l’animal, duquel il reste cependant fort proche. Je crois que l’abeille, bâtissant ces merveilles que sont les ruches, est bien plus noble que beaucoup de géniteurs — si importants soient-ils — dans cette éphémère société.
 
Franch : 
— Ah… c’est si vrai !
J’apprécie de plus en plus de donner des coups de pieds dans ces ruches ou ces fourmilières si bien ordonnées. Un plaisir intense m’envahit ensuite, de les voir patiemment reconstruire leur édifice à l’identique.
Si ce n’est pas moi qui massacre ces merveilles, c’est un autre qui s'en chargera : l'ennemi est souvent la colonie la plus proche !
Les vivants semblent aimer croire au sens pratique de leur existence.
La société se construit, se détruit, se reconstruit… et l’homme n’existe toujours pas !
 
Tomas : 
— Qu’entends-tu vraiment par exister ?
Qu'il soit toujours un bipède, proche des grands singes ?
Cela me conforte dans cette idée, à la lecture d’un sombre poème :
 
« Leurs tombeaux sont à jamais leurs maisons,
Et leurs demeures, d’âge en âge
Et de génération en génération.
Et ils avaient mis leur nom sur leurs terres !
L’homme dans son luxe ne comprend pas,
Il ressemble au bétail muet,
À ces moutons en troupeaux…
Ainsi vont-ils, sûrs d’eux-mêmes,
Et finissent contents de leur sort :
On les conduit à l’abattoir…[ix] ».
 
Yeph : 
— « Tout du monde est vanité, vent et fuite de temps[x] ».
Tant que nous refusons d’apprendre l’autre, nous rejetons la connaissance. Quelle tragique erreur à penser se suffire à soi-même, alors que nous ne savons rien !
Ainsi le bipède se lasse-t-il bien vite cet « autre-qui-n’est-pas-lui-même », surtout si cet autre est vide, ou infecté du virus de ses états d’âme.
L’humain, lui, comprend qu’il a tout à gagner de la prise en compte de son frère !
 
Franch : 
— Les hommes s’épuisent à bâtir des édifices que d’autres voudront leur enlever.
En s’entretuant pour préserver leur propriété, ils oublient celles et ceux qui sont à l’origine de ces constructions[xi].
Tout passe.
Tout château a sa marée…
Tout s’oublie, et la mémoire devient mensonge !
 
Tomas : 
— Oui, l’homme triche.
Il réécrit chaque jour son histoire. Son inexistence et sa solitude l’invitent à la guerre.
Il ne sait toujours pas qu’il peut combler ce vide en lui, d’une autre manière qu’avec l’oubli, la convoitise, l’aveuglement, la bêtise… ou l’idée de suffisance !
J’aimerai être le caméléon dans le monde, qui saurait garder, voire trouver ou retrouver sa propre couleur, en des zones sécurisées, privilégiées.
C’est en rencontrant les mondes des vivants, par ses créations et non en se crispant sur ses possessions ou en jalousant celles des autres, que l’homme est en mesure de commencer à comprendre qu’il est un être inachevé.
L’homme n’est pas “un”…
 
Franch : 
— Je ne crois pas en l’homme.
Il est peut-être plus sage de le laisser disparaître de cette petite planète en souffrance.
Je préfère finalement le voir se détruire et donner ainsi une nouvelle chance à la nature, sans la ruse cette fois[xii] !
Dans mes découvertes et les tentatives de créer des liens, ce ne sont que déceptions et trahisons.
 
Yeph : 
— Tu es si pessimiste…
Aurions-nous cependant encore de nouvelles portes à ouvrir, Franch, avant de tout massacrer ?
J’ai trouvé quelques routes à suivre lors d’une rencontre par ce constat : l’autre est une coupe par son corps ; il est bon de puiser en elle son esprit.
Premièrement, si la coupe est débordante, je puise d’éternité — je ne me lasse jamais — et se construit une fratrie.
Cela ne complète pas l’homme, mais lui donne la connaissance, en supprimant une part de sa solitude.
Notre liberté serait de savoir jeter la coupe après un temps de plaisir ou s’en souvenir… et y revenir à chaque instant !
Écoute un peu, je te prie…



[i]            Merci à Cyril ARNAUD pour son excellent livre sur l’Axiologie. Ce pirate philosophe nous aide à trouver des portes de vie libérées de la morale, et fortes de valeurs…

[ii]           Merci à Roger PEYREFITTE, pour ses explications délicieusement historiques dans son roman « La nature du Prince ».

[iii]           Genèse, 2. 24.
En jouant avec art des voyelles à placer entre les consonnes, d’autres mots peuvent naître et l’idée diffère.

[iv]           Merci au docteur Alfred Charles KINSEY, riche en rencontres humaines.

[v]           Merci à la série télévisée : « La quatrième dimension » et plus particulièrement pour un de ses épisodes savoureux sur "la différence" et la notion bien spécifique du « monstre »…

[vi]           Merci au film « La Guerre du Feu » de Jean Jacques ANNAUD où dans la dernière scène, le « bipède » ne prend plus la femelle « par derrière » mais la rencontre « de face »… L’homme devient alors ?
Est-ce l’apparition de l’Amour Humain ?

[vii]          Merci au divin Marquis de SADE, philosophe éclairé peut-être trop léger à en devenir très lourd ?

[viii]              Merci encore au docteur Eric VILAIN pour son étude très sérieuse sur notamment « le dualisme sexuel » dans son livre « L’inutile Adam ». L’on y découvre combien l’homme est pluripossible dans son identité sexuelle.

[ix]           Psaume 49 (48) Versets 12 à 14.

[x]           Merci à « L’Ecclésiaste »… Encore un extrait de la Bible… un livre fondateur édifiant, lorsque l'on souhaite parler de liberté et d'amour !

[xi]           Merci à Marcel Proust, où dans « Le Temps Retrouvé », la recherche du temps perdu s'achève avec une myriade de propos, de réflexions et de pensées philosophiques exemplaires. En voici l’extrait qui est à la source de la remarque soulevée :
« "Je ne sais si le bras levé de Saint-Firmin est aujourd'hui brisé. Dans ce cas la plus haute affirmation de la foi et de l'énergie a disparu de ce monde".
"Son symbole, Monsieur, lui répondis-je. Et j'adore autant que vous certains symboles. Mais il serait absurde de sacrifier au symbole la réalité qu'il symbolise. Les cathédrales doivent être adorées jusqu'au jour où pour les préserver il faudrait renier les vérités qu'elles enseignent. Le bras levé de Saint-Firmin dans un geste de commandement presque militaire, disait : que nous soyons brisés si l'honneur l'exige. Ne sacrifiez pas des hommes à des pierres dont la beauté vient justement d'avoir un moment fixé des vérités humaines." ».

[xii]          Merci à Charles DARWIN qui, pensant que la ruse est le propre de l'animal pourrait croire que l'intelligence serait le propre de l'homme ?



LA COUPE ÉTAIT SI BELLE
La coupe était si belle et tu ne l’as point vue...
Attiré par le feu qui jaillissait du cœur
Elle embrasa des yeux sans aucune indécence
Un corps fort lumineux, retenu par la peur.

Ce triste soir d’hiver, l'âme fort dépourvue
Devant le doux visage affligé de rigueur ;
Elle aperçut en paix l’aura de ta présence
Illuminer le beau que voilait ta pudeur.

L’émotion l’animait de sentiments nouveaux.
Elle éprouvait sa foi pour t’inviter, rêveur,
À puiser en son sein cette eau de l’innocence
Afin de raviver ta grâce de seigneur :

Révolte fomentée aux yeux de ces dévots
Qui te martyrisaient par leur culte menteur...
Était-il dangereux d’apaiser ta souffrance
En espérant te voir sur un chemin meilleur ?


Aveuglés de naissance à l’amour, à la vie,
Leur route dans la nuit s’inscrit dans la laideur.
Vois, l’angoisse du mal est source de démence :
Elle entraîne à l’extrême une vision d’horreur

Aux plus petits désirs ou pour la moindre envie
Dans ce monde créé d’un jour en leur honneur ?
Et tout fut rejeté pour prêcher la prudence
Au gouffre de l’enfer, creusé pour le pécheur.

Tu acceptas de boire et tu laisses privé
D’indulgence ton corps accablé de frayeurs,
Inculquant, malgré toi, cette folle puissance
Ordonnée en partage à la moindre douleur.

Lorsque tu fus repu, une fois abreuvé...
Disponible et confiant pour un jour vivre ailleurs,
Assoiffé de conquête, ivre de connaissance,
Oublias-tu l’amour qui œuvra ton bonheur ?

La coupe était si belle et ne l’as-tu point vue ?
​



Franch : 
— Un de tes poèmes ?
​
Yeph : 
— Oui :
Deuxièmement, si la coupe est vide — ou presque — j’accepte parfois de prendre la lie et surtout je repose la coupe.
Ne jamais s’attacher… si belle soit-elle, car il est souvent dommageable de s’encombrer inutilement.
Cette coupe vide, je la pose, digne, en belle place, lui souhaitant de s’emplir un jour… même s’il est nécessaire d’attendre mille ans : de géniteur en géniteur, de génération en génération.
 
Franch : 
— Très beau, Yeph !
Et si peu de tristesse ?
Es-tu certain de ne pas croire aux surhommes ?
Te connaissant, il y a aussi certainement un troisièmement, où l'autre vient la remplir… et quelques milliers de possibles encore…
Allez, je vous laisse, les jumeaux.
Je sais que vous existez.
Un peu jaloux peut-être, cependant… sans vous deux, j’aurais depuis longtemps mis un terme à mon existence, dans cet enfer qu'est notre terre !
Laissez-moi poursuivre ma route, pour de nouvelles déceptions dans ma quête… Je puis toujours revenir vers vous…
Peut-être que tes propos se révéleront enfin vrais, cher Yeph, avant que je ne disparaisse définitivement de cette planète en souffrance.
 


[Franch se téléporte.]

Tomas : 
— J’aime ta manière d’expliquer la rencontre.
Malgré ta tristesse face au nouveau monde qui se construit, tu restes dans l’espérance, Yeph !
Tu décris finalement la découverte de l’autre comme spirituelle.
Que penses-tu donc réellement de l’union physique chez l’homme?
 
Yeph : 
— Comme tu la conçois, semble-t-il, toi aussi…
Entre géniteurs, comme nous l’avons dit, le rapport poursuit la filiation.
Cela me semble utile avant d’espérer voir l’humain s’accomplir…
Hors l’idée de perpétuer la race, l’union physique est davantage à souhaiter dans l’espoir d’une unité totale entre deux êtres, corps, cœur et âme !
C’est la quête du plaisir harmonieux, ce désir de l’orgasme qui donne à deux personnes une plénitude régénératrice et constructrice, lorsqu’elles y parviennent.
C’est un partage d’énergies intenses.
Cela procure un effet réellement démultiplicateur.
 
Tomas : 
— L’amour humain.
Oui, cela me conforte dans la quête de l’autre.
 
Yeph : 
— Maintenant, Tomas, s’il advient que la mort nous emporte tous les deux ?
 
Tomas : 
— Oui…
 
Yeph : 
— C’est pour répondre à la question que je n’ai pas oubliée.
 
Tomas : 
— L’immortalité de l’âme ?
 
Yeph : 
—  Oui.
Sache qu’il ne me semble pas utile d’aller chercher, ou rechercher dans notre histoire une quelconque source de religiosité rassurante ou réconfortante…
Je suis convaincu de notre éternité, tant que l’un de nous sera vivant.
Nous sommes notre propre mémoire.
Après cela, imagine la fin du monde, de notre monde ?
Rien n’aura d’importance, puisque plus rien n’existera.
 
Tomas : 
— Mais non, Yeph !
Ce n’est pas possible.
De tout ce que nous avons vécu, bâti, construit, créé de nous-mêmes, de notre corps, de notre propre esprit… que ce ne soit plus ?
Tout cela reste nous, toujours après la mort.
Sinon, pourquoi laisser jaillir quoi que ce soit ?
 
Yeph : 
— Illusions, petit frère.
Illusion que d’imaginer l’existence de tes œuvres après toi…
C’est le monde de l’autre qui te reconnaît puis t’absorbe, qui te digère et se nourrit de toi.
Cela se passe en un temps si court, que l’on saurait même dire très vite que tu n’as jamais existé !
Si certains réussissent exceptionnellement à franchir deux, trois siècles, voire rarement plus, la légende des hommes en fera des dieux ou des démons pour peupler les croyances qui servent à parquer en esclavage volontaire ceux qui permettent à la ruche de se maintenir en équilibre.
 
Tomas : 
— Alors pourquoi cette nécessité chez toi, chez moi, de ce jaillissement de l’être, s’il est stérile, sans lendemain…
 
Yeph : 
—  Pour jouir et se réjouir de l’aujourd’hui ?
Parce que la vie semble si belle dans son instant présent !
Comme l’idée de vivre l’amour avec toi…
C’est cette soif d’une unité éphémère, qui me suffit.
Oui, quel plaisir d’être alors… et de le savourer avec des vivants !
Qui saurait ce qui en surgirait ?
 
Tomas : 
— Pourtant nous restons seuls, toute notre vie, car personne ne peut réellement comprendre l’autre.
Même dans l’amour le plus intense, l’unité est imparfaite.
Alors, sans rencontre totale, comment peux-tu vivre, sachant que mort, tu ne seras plus ?
 
Yeph : 
— C’est là l’utilité rassurante d’une religion qui t’offre l’illusion ou l’angoisse d’un au-delà où tu poursuivrais cette vie commencée.
 
Tomas : 
— Un support bien fragile…
 
Yeph : 
— Cependant, pour celle ou celui qui ne l’a pas, cela peut être terrible.
Même avec une grande connaissance de son moi, la certitude d’avoir saisi une certaine réalité de son “ego”, ne nous donne pas de réponse sur l’existence humaine et notre place dans l’univers.
Notre vie est difficile : avec notre mémoire défaillante développant les peurs, les traditions, et les créations de rites ou d’habitudes, la liberté de mouvement semble toujours se restreindre !
 
Tomas : 
— Il reste cette énergie dont tu parlais tout à l’heure.
Si tu es capable de te nourrir de l’âme d’un être qui meurt… Alors, lorsque nous ne serons plus, peut-être que d’autres viendront saisir ce feu que nous entretenons chaque jour ?
C’est là mon espérance : que je puisse être force vive…
 
Yeph : 
— Alors soyons des bombes humaines et sachons irradier l'univers !
Oui, tu as raison, mon cher Tomas, l’immortalité de l’âme est dans la continuité de l’énergie que nous avons su émettre de notre vivant.
J’ai en moi tant et tant de mémoires assemblées qui construisent mon existence. Comment alors pouvoir saisir et apprendre la totalité de ce passé qui nous appartient ?
Je suis aussi disposé à poursuivre le sort de l’humanité, après ma mort, avec celles et ceux qui sauront puiser en mon âme, une fois mon corps libéré !
 
Tomas : 
— Cela ne me tente guère finalement… Comme Franch, j’ai souvent le désir de tout détruire autour de moi ou de mettre fin à mes jours.
Je me sais très orgueilleux.
Il y a dans la conclusion de tes recherches actuelles, une inutilité de notre quête sans demain, malgré cette éternité dont je perdrai finalement la conscience.
Ta présence soudainement ne me rassure plus.
Tu n'as pas de réponse.
Tes propos ne sont pas porteurs d’espoir…

Yeph : 
— Tu dis vrai hélas.
Cette recherche de ce “moi”, à travers toute une vie, en avons-nous la conscience ?
C’est certainement absurde. Et pourtant nous pouvons être dans le désir…
Comme je te l'ai déjà dit, j’aimerais sincèrement te raconter que je crois en un paradis, en une résurrection de la chair, en des réincarnations successives, avant d’atteindre un nirvana où nous serions enfin réunis…
C’est pour cette raison, je pense, que les vivants qui nous ressemblent, fermés à ces leurres rassurants, ont bien souvent une vie terrible de folie ou d’oubli : dans l’abandon de leur propre conscience… par des paradis autrement artificiels.
C’est aussi une manière de rejoindre un genre particulier de religion qui donnerait du sens à l’inutilité d’une vie.
Je crois de même que notre mort physique ne saurait guère nous rendre à l’unité qui nous manque.
 
Tomas : 
— Le fil est très mince pour ne pas être séduit par l’idée de le voir se rompre.
Le suicide peut nous tenter alors ?
Ou bien : comme pour Peter et Pan, imagine mon désir soudain d’être uni à toi en achevant ton existence ?
 
Yeph : 
— Le saurai-je un jour ?
Aurai-je aimé ?
Je serai peut-être alors enfin totalement uni à toi.
Tous les rêves sont possibles… La réalité existe-t-elle alors ?
Dans cette courte vie, mes souvenirs sont déjà immenses : davantage finalement de joies partagées que de solitudes tourmentées.
Je n’ai toujours pas compris ma raison d’être, mais je ne pense plus avoir peur de la peur de ma mort.
 
Tomas : 
— Tu ne crains plus de mourir ?
 
Yeph : 
— Si, si.
J’ai cependant aujourd’hui la capacité d’accepter et même d’accueillir cette peur.
Cela me permet donc de vivre.
Avoir peur est certainement pour l’humain le commencement de la sagesse. Cela nous ouvre aux questions afin d’éviter les actions non réfléchies.
Je puis ainsi savourer chaque instant de mon éternité.
L’immobilisme, la lâcheté, comme la violence, sont les rouages permanents des mécanismes de la peur de nos peurs !
Mon esprit d’amour soufflera-t-il après ma disparition physique ?
C’est possible !
Je donne le meilleur de moi-même afin que mon rayonnement soit durable, en positif.
 
Tomas : 
— Je saisis mieux maintenant tes réflexions qu’il serait heureux de développer prochainement, si la vie se poursuivait !
Je suis inquiet pour demain… les Glocks s'impatientent !
Cependant, hors de l’immortalité du moment, que penser de celles et ceux qui cherchent le pouvoir, et se veulent inscrits à tout jamais dans l’histoire ?
Ils sont persuadés d’être les maîtres du monde en nous donnant, chacun leur tour, de nouvelles règles de vie…
Enfin… celles qu’ils annoncent sont toujours justes et vraies, pour le bonheur d’une l’humanité meurtrie par trop de guerres stériles !
​
Yeph : 
— C’est tout à fait nécessaire pour une fourmilière qui a reçu le coup de botte de Franch : il est vital de trouver un être opiniâtre comme Sako afin d’encourager les fourmis à la restauration de l’édifice.
Au prochain coup de botte, on reprochera au petit héros de ne pas l’avoir prévu et un autre saura sortir de l’ombre, pour se présenter en sauveur…
Parfois, dans des ruches dites plus évoluées, ce sont les abeilles elles-mêmes qui choisissent leur reine, ou leur bourreau !
 
Tomas : 
— Je te suis dans ta démonstration.
J'irai plus loin encore : que penserais-tu d’abeilles refusant de se nourrir et s’opposant à tout travail de construction dans des ruches prétendument évoluées ?
Crois-tu que cela puisse exister ?
 
Yeph : 
— Probablement est-ce l’homme qui détient cet insigne privilège, mon cher frère ?
 
Tomas : 
— Nous avons — je crois en l'exemple de Franch — le monopole du refus systématique !
Et aussi, pour revenir à tes propos… tu as dû user nécessairement de l’idée d’un “créateur”.
Alors pour rester en accord avec ma conception de l’absence d’un « maître-raison » de notre existence, nous pourrions peut-être dire que l’homme est malheureux de ne pas se comprendre comme union de deux demi-mondes oubliés ? Ses géniteurs sont les dieux d’un instant ! Aussi, dans sa mortelle solitude et face au mépris ressenti pour sa condition d’homme seul, a-t-il tenté l’impossible : jaillir de lui-même pour être deux et sortir de son unité défaillante. Oui, l’homme s’ennuie, même créé « homme et femme » et c’est l’amour qui va senser son existence ! Alors il peut apprendre à jouir pleinement de ce qu’il est, sans être abîmé par les autres.
Je nommerai cette étape, la découverte du cœur.
C’est un cap à franchir…
Trop souvent encore, la suffisance, associée à sa vanité, fait que l’homme ne sait pas reconnaître son propre “moi”, bien qu’il soit issu de lui-même… D’où cette soif de donner naissance afin d’accroître son pouvoir illusoire sur le monde.
 
Yeph : 
— Cette rectification me plaît.
Je n’avais pas encore su ôter correctement du texte cette forme d’esclavage rassurante d’une croyance en un dieu créateur… Il y a toutes les autres, y compris celle de la vénération, voire de la soumission aux morts, à leur vérité, et à leurs mensonges — ou à ce qu’ils ont accepté de reproduire, de publier... et de transmettre outre-tombe.
À nous de remplir la coupe de saveurs !
Tu proposes ainsi cette idée nouvelle où l’on découvre l’importance de savoir reconnaître, accueillir, et réussir à s’affranchir de la famille.
Cela ne contredit pas du tout notre réflexion.
Maintenant, n’oublie surtout pas que ce que nous partageons est proscrit par les lois du Centre.
S’interroger sur la raison d’être de l’homme ne peut pas faire de nous de bons sujets, dans un système structuré et figé à l'extrême.
 
Tomas : 
— Pas d’inquiétude !
Je sais être discret avec celles et ceux qui ne peuvent pas comprendre et surtout, qui ne veulent pas savoir qui nous sommes !
À bientôt, Yeph, pour d’autres investigations au cœur des mémoires de la rose des vents perpétuelle !
 

​

[Tomas se téléporte.]

En un clic,
 vers la troisième partie


Si vous préférez la suite de la lecture en tournant les pages d'un livre, tout en aidant financièrement l'auteur à poursuivre l'aventure,
passez au papier… ou pour une lecture en pdf, sur votre tablette !

Yves Philippe de Francqueville profitera ainsi davantage de son vivant, du plaisir de votre lecture !
Si vous aimez, pensez à partager…
SharePartager
Click to set custom HTML
Et si vous souhaitez soutenir l'auteur, Yves Philippe de Francqueville, dans la création… n'hésitez pas, son plaisir d'écrire est à encourager :
Merci !
© Le cycle de l'Austrel, tome premier : Souvenir d'un amour, des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
Fin de la deuxième partie.
Tout mauvais usage d'un extrait de l'œuvre pour faire dire n'importe quoi, serait une bassesse journalistique de plus, et l'auteur rejettera cela avec véhémence !
Tous droits réservés.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
Google+
Créer un site Web gratuitement avecWeebly
https://plus.google.com/u/0/101619965771005166491/about?rel=author