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Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste, présente en ligne le Cycle de l'Austrel, tome troisième : Comme une abeille hors de sa ruche… Tous droits réservés ©








            [Le combat ne cesse de s’étendre sur chacune des Bases.
Les plus vaillants tombent un à un sous les rayons mortels des forces de l’Archyeur.

Un peu à l'abri…
Ghils, à côté de Chris, tremble...]



Ghils : - Peut-être allons-nous mourir, Chris ?

Chris : - Peut-être.
Tu as peur ?

Ghils : - Oui. Je suis terrifié.
Mais pas de la mort…
J’ai plutôt peur de ne pas avoir vécu !



[Yeph apparaît.]



Ghils : - Oh Yeph !

Chris : - Yeph, c'est toi ?
Tu es fou...
Que viens-tu faire ici ?
Les forces de l’Archyeur sont si proches.
Nous risquons d’être envahis avant ce soir.
Tu dois te mettre en sécurité.

Yeph : - Merci Chris, n’angoisse pas trop pour moi.
Garde cela pour ta propre personne.

Ghils : - Tiens, attrape cette arme, si tu souhaites te battre avec nous.

Yeph : - Non merci, tu peux la reprendre.
C’est inutile maintenant et j'ai toujours de quoi me défendre.
Allumez, s’il vous plaît, votre transfaxe sur la “21”.

Chris : - Impossible, j’ai tenté le passage hier, à plusieurs reprises : le traxil est hors réseau...

Yeph : - Bien entendu, Chris, seuls certains branchements sont en auto connexion !
Le code est activé...
Téléportez-vous, vite !


[La montagne attend, puissante, belle et solitaire, sous un ciel brûlant.]


Ghils : - Les autres vont certainement nous rejoindre ?

Yeph : - Pas vraiment, Ghils.
Ils sont déjà en marche ou même présents...
Tout au moins pour ceux qui l’ont souhaité.
Pol aussi...

Ghils : - Ah !

Chris : - Notre place n’était-elle pas au combat ?

Yeph : - As-tu une responsabilité quelconque à assurer dans ce monde ?
Ton handicap devrait t’inciter à une certaine préservation.

Chris : - Mes autres sens sont bien développés.
J’arrive à une autonomie étonnante, tu sais…

Yeph : - Oui.
Je serais pourtant davantage heureux à t’imaginer composant quelques mélodies, plutôt que d’être dans la crainte de te trouver gisant, touché par un rayon mortel que tu ne pourrais voir.
Ta créativité nous sera plus utile qu’un vain soutien guerrier à ces échanges mortels !

Ghils : - Ah !
Tu sais, Yeph, je comprends malgré tes dires la question de Chris...
Nous étions en train de protéger une de nos Bases — un lieu de prospérité et de liberté — contre l’ennemi... et tu nous demandes de fuir !

Yeph : - Non, pas de fuir : je vous invite plutôt à vivre.

Ghils : - N’est-ce pas lâche ?
Et notre idéal ?

Yeph : - Votre idéal…
Ah…
Votre idéal ou celui de Phil et de Sako ?
Nos Bases étaient devenues si proches de la Cité par leur fonctionnement et leurs structures, que cette guerre s’annonçait inévitable.
Le Nouvel Austrel s’apprêtait à créer une force armée pour vaincre l'Archyeur.
Phil et Sako voulaient étendre leur programme de vie parfaite au-delà des Bases.

Chris : - Oh non !
Ce n’est pas possible…
La paix avait été décrétée par un armistice, signé par Sako lui-même.

Yeph : - C’était une suspension temporaire des hostilités…
Écoutez la suite : les espions d'Érik — renseignés par l’un des nôtres — ont découvert les désirs de Sako et de Phil, en accord avec le Nouvel Austrel.
Ils ont été plus rapides qu’eux...
Phil s'est rétracté alors un temps, puis Sako aussi.
Il y a eu moult tergiversations…
Des craintes sur l’avenir du genre humain !
Pour finir fut adopté un consensus où les consortiums se sont vus attribuer tous les marchés à venir… en veillant à préserver au mieux la planète[i]…
Lorsqu’il faudra songer à reconstruire !
L'Archyeur a donné l'autorisation des combats… et tous ont acquiescé !

Ghils : - Ce n’est pas vrai.
Il y a eu traîtrise ?
Quel est le...

Yeph : - Oh, calme-toi, petit homme.
Disons simplement que quelqu’un a souhaité ce jeu morbide… c’est tout !
Les autres y ont tous trouvé un intérêt.
Ce sont eux les monstres.

Chris : - Mais, c’est de la folie...
Pourquoi et qui pouvait désirer cela ?

Yeph : - Qui ?
Tous en fait !
Pourquoi ?
Tu le sauras bien assez vite.
La guerre est le grand plaisir des tyrans.
L’important est de comprendre que ce conflit était inévitable puisque les chefs souhaitaient comparer leurs forces, comme d’autres se mesurent le sexe.
Les bipèdes qui se disent hommes, aiment se battre afin de prouver le bien-fondé et la toute-puissance de leur monde.

Ghils : - Je ne peux pas croire que notre Austrel ait pu fomenter une attaque contre la Cité...

Yeph : - Hélas si, Ghils.
Après le Grand Jour, nous étions des rebelles.
Nous fûmes notamment appelés les “Primaires”, car nous refusions d’être greffés pour notre soi-disant bonheur.
Petit à petit, nous nous sommes structurés.
La poignée d’hommes libres que nous étions sur des Zones Autonomes, s’est transformée — grâce ou plutôt à cause des mouvements de population — en une nouvelle société : plusieurs Bases, des chefs, et enfin… notre propre Austrel !
Chaque humain qui vivait libre est alors devenu une nouvelle pièce du jeu — un citoyen, un électeur — indispensable au bon fonctionnement d’une machine n’ayant finalement ni réelle origine, ni fin dernière.
Maintenant, comme vous… il se doit d’être un guerrier.
Votre existence aujourd’hui a pour but premier d’assurer la continuité temporelle d’un monde qui ne vous appartient pas.
Tous les deux, vous vous battiez pour la pérennité d’un système... non pour vivre !

Chris : - Tu veux dire que Phil est comparable à l’Archyeur ?

Yeph : - Bien sûr, voici deux monarques envoyant leurs citoyens bien-aimés s’entre-tuer, pour désigner la meilleure société possible...
Puisqu’ils ont été élus pour cela, les deux se valent comme joueurs légitimes !
Vous êtes au centre d’une partie d’échec grandeur nature.
Un roi s’inclinera ce soir, sur un plateau de jeu plus ou moins chamboulé !
Des pions, un fou, une tour… peut-être deux ?
Un cavalier ?
Nul ne sait ce qui aura été renversé…
L'on prendra le temps nécessaire afin de remettre toutes les pièces en place… et demain ou un autre jour, une nouvelle partie se jouera.
Les échecs, voilà peut-être la triste réalité du monde ?
Les pions, vous en trouverez autant que possible : comme vous, de la chair à canons, avec des héros, des oubliés et des traîtres… qui finissent tous ensemble dans l’urne commune de nos funératoriums.
Il y a la noblesse, les cavaliers.
Il faut savoir que les rois sont toujours prêts à sacrifier — avec art — en mesurant par le jeu des vanités, le rôle à leur donner au profit des sages — des conseillers, des ministres — ceux que l’on écoute… Oui, le temps de les remplacer par d’autres plus habiles, plus machiavéliques.
J’ai nommé les maîtres du biais : les fous.
Si besoin, sans inquiétude, les murs tomberont.
Cela donnera du travail aux survivants et les consortiums se réjouissent par avance : les tours sont jouées…
Enfin, pour forcer l’autre roi à s’incliner devant une grande habileté à guerroyer, un grand sacrifice est possible par raison d’État.
Absolument, si cela s’avère nécessaire — car en politique tout est envisageable — la reine pourra être répudiée sans mot dire : une mise à mort légitimée, afin de gagner la partie… puisqu’un simple pion saurait la remplacer !

Ghils : - C’est horrible.
Ce regard sur le monde est sans appel.

Chris : - Mais tellement historique !

Ghils : - Tu as un réel et profond dégoût pour tout système…
Pourtant, tu t’es toi-même révolté contre l’Archyeur et tu as voulu fonder les Bases… en accueillant Phil et Sako.
S'il y a le Nouvel Austrel — dont tu es consultant à vie, je crois — c'est bien selon ta volonté !
Comment peux-tu renier ainsi ton œuvre ?

Yeph : - Mon rêve était de rencontrer des êtres dotés d’intelligences potentielles et désireux de les développer.
J’espérais qu’ils pussent alors être capables de vivre libres, de jouir du monde pour apprendre et comprendre le beau...
Par cela, découvrir comment l’homme existe, si je suis, et pourquoi.
J'aspirais vraiment à pouvoir conserver le principe des Zones Autonomes.
Les Bases se sont créées un peu malgré moi[ii].
Je ne les ai ni refusées, ni cautionnées, tant qu’elles n’étaient pas hostiles à ma liberté de penser.
Hélas, en quelques cycles, la soif de gloire et le désir de pouvoir chez certains ont permis l’élaboration d’une civilisation nouvelle que j’exècre tout autant que celle d’Érik dans sa Cité.
Aujourd’hui, deux fourmilières sont face à face. Il est donc naturel que les deux chefs se mesurent par la guerre afin de prouver leur légitimité : s’assurer que les peuples dont ils ont la charge sont les plus heureux.

Chris : - Eh oui, en les laissant s’entre-tuer !

Ghils : - Bien entendu, mais pour leur bonheur.

Yeph : - Vous avez compris tous les deux.
Si vous combattez, vous cautionnez l’un des deux partis.
Par votre attitude, la guerre devient légitime !
Alors, si vous souhaitez être des martyrs ou des héros sanguinaires selon votre qualité au combat et le hasard de la trajectoire des rayons... retournez vite sur l'une des Bases.
On vous dressera un monument posthume, ou vous deviendrez les chefs du nouveau système et...
Tiens, Sako vient d’allumer la “21”...

Chris : - Ne le laisse pas venir, Yeph.
Tu sais que le pouvoir lui est monté à la tête.
Il a déjà durement menacé Ghils et ce qu’il dit à ton sujet est très...

Yeph : - Je sais.
Son esprit semble fort contrarié.
Il est troublé, je le perçois.

Chris : - Ne lui ouvre pas le relais traxil.

Ghils : - Chris a raison...
Ne fais pas cela, Yeph !

Yeph : - Ah…
Je préfère le bloquer… en effet !
Non !
C'est trop tard pour saisir le code limitant l'accès…
Il arrive…
Il est seul.
Soyons attentifs…
N’ayez pas peur.

[Sako apparaît.]

Yeph : - Bonjour Sako.
Tu me cherches en un lieu que tu évites cependant bien souvent...

Sako : - Jeph…
Toi… ici !
Comment oses-tu ?
Vous avez réalisé avec Emma des connexions annexes, sans en avertir l’Austrel...
De plus, vous fuyez face à l’ennemi.
J’ai le devoir de t’arrêter…
De vous arrêter tous les trois.
Vous serez jugés pour haute trahison...

[Reprise par le chœur du chant :

LE GRAND INQUISITEUR

En fond musical.]





Yeph : - Pas tout à fait.
J’ai déjà été condamné il y a quelques nuits...

Sako : - Nous étions à huis clos...
C'est hallucinant !
Tu as donc même des mouchards parmi les membres de l’Austrel ?

Yeph : - Disons que j’étais discrètement présent !

Ghils : - Vous avez condamné Yeph ?
Mais pourquoi ?

Chris : - Sako, comment as-tu laissé les autres agir ainsi contre Yeph ?
Toi qui étais autrefois avec nous, toujours partant pour l’aventure...
Tu n'as tout de même pas vendu notre ami… mon frère…

Sako : - C’était hier.
Vois toi-même, Chris : nous sommes maintenant une société sage et puissante.
La présence de Jeph parasitait déjà l’harmonie de notre peuple en temps de paix.
Alors que nous sommes en guerre, c’est plus grave : Jeph devient dangereux.

Ghils : - Dangereux ?

Sako : - Oui, Ghils, il refuse le combat, il agit en déserteur.
Sa capacité à pervertir la jeunesse[i] doit être impérativement maîtrisée.
Aussi, regardez-vous : il a réussi à vous convaincre de fuir et d’abandonner votre poste.
Cet acte lâche et traître vous laisse du sang innocent sur les mains, car la Base du Lac de Soufre vient de tomber.
Combien des nôtres sont kryfluxirés ou prisonniers des forces ennemies par votre faute ?

Yeph : - Merci de tes propos.
Il m’en faut plus, Sako, pour tomber sous ton charme.
Je te sais fort honnête dans la limite de tes principes et de tes intérêts.
Nous sommes tous aussi convaincus de la sincérité de ton idéal.
Par ce fait, tu détiens une très belle vérité...
Ta vérité !
Elle est ancrée dans un système où tu t’agites, petite abeille fière de sa ruche.
Maintenant, si Ghils et Chris souhaitent te rejoindre, ils sont libres.
Moi aussi.
Je décide donc… pour ma part, de quitter votre monde insupportable de médiocrité !
Peut-être nous reverrons-nous ?

Sako : - Arrête-toi !

Yeph : - Plaît-il ?

Sako : - Si tu t’en vas, je serai obligé de t’abattre.

Ghils : - Comment cela ?
Eh…
Tu ne veux pas le…

Sako : - Laisse-moi agir Ghils, sinon tu y passeras aussi !

Chris : - Oh…
Et moi ?
Que faites-vous ?

Sako : - Ne bouge pas, Chris…

Yeph : - Oui…
Ne bouge surtout pas Chris.
Méfie-toi Ghils...
Sako est certainement capable d’user de son arme contre nous tous.

Sako : - S'il le faut…

Yeph : - Bien.
On se calme…
Reprenons sereinement notre discussion.
D’abord laisse-les tranquille, Sako.
Chris et Ghils n'ont rien à voir dans cette histoire.
C’est moi que tu veux supprimer, petit chef ?
Oui ?
Alors, si c’est le moment : n’hésite pas.
J’en ai assez de cette existence…
Je suis épuisé de la bêtise humaine.
Accomplis vite ton devoir si tu y tiens, car je m’en vais.
Peut-être que ma mort te rendra plus libre ?

Sako : - Non.
Pas plus libre, mais en paix, et avec une bonne conscience : celle d’avoir agi pour le bien du peuple.

Yeph : - Que l’un meure afin d’espérer que tous les autres soient sauvés[ii]... c’est une triste maxime religieuse des temps immémoriaux.
Jamais, oh, jamais, Sako, mon cher Sako… la mort d’un homme ne saurait être une saine solution pour une société de bonne renommée.
Ridicule et désespérant !
Eh bien, puisqu’il me faut mourir...

Sako : - Je ne fais que mon devoir...

Ghils : - Non !!!

            [Ghils s’est intercalé entre le rayon mortel et Yeph.

Il est trop tard lorsque Chris immobilise Sako pour lui ôter son arme…]

Ghils : - Je crois que je vais mourir, Yeph.

Yeph : - Peut-être, Ghils...
Tu as préféré que je vive, en privilégiant ma vie sur la tienne…

Chris : - Qu’est-ce que nous faisons de Sako ?
Tu l’abats ou je l'étrangle moi-même ?

Yeph : - Et l’Austrel élèvera un mausolée à sa mémoire.
Lui sera un martyr, nous, des monstres aux mains sanglantes pour les uns, des héros pour les autres...
Sako sera aussitôt remplacé par un jeune premier aux dents longues, parfaitement disposé à distribuer le nouveau vrai bonheur attendu par tous...
Lâche-le !
Oublie-le…

Chris : - Mais il a tiré sur Ghils !

Sako : - Pas sur Ghils...

Yeph : - Oui, bien sûr.
C’est moi qu’il visait.
Ghils n’a fait que recevoir ce qui devait m’être fatal.
Tu vois, Chris ?
Tu deviendrais… un assassin, en te vengeant de ce qui n’est finalement qu’un accident !
Est-ce que la mort de Sako redonnerait la vie à Ghils ?

Ghils : - Tu crois que je vais mourir vraiment ?

Sako : - C’est de ta faute !

Chris : - Alors ?
Que devons-nous faire ?

Yeph : - Laissons-le repartir au combat.
Sa place est celle d’un petit tyran indispensable à un peuple qui l’écoute.
Il peut rejoindre la société dans laquelle se trouvent ses repères.
Ici, il est perdu...

Sako : - Mais, tu ne me condamnes pas ?
Je voulais pourtant te tuer !
De plus, Ghils est gravement blessé.
Ah, cela ne va pas du tout comme je pensais…
Tu devrais me haïr...

Yeph : - Te haïr, certainement… bien que je n’aie pas encore appris à aimer…
Pourtant, la haine est épuisante.
C'est destructeur et ne nous apaise guère.
Tout cela est désespérant !
Je vais apprendre à te mépriser, peut-être ?
Oh oui…
Cela me donnera enfin l'envie de t'abattre… maintenant comme un…
Comme une grosse…

Sako : - Ah ?
Oh…
Non…
Ne dis pas cela, Yeph…

Yeph : - Yeph ?

Sako : - Oui, pitié… Yeph…

Chris : - Ai-je bien entendu ?

Sako : - Ne vous méprenez-pas…
Tout cela n'est pas aussi simple…
Depuis la Chalystime, malgré le Grand Jour et la Rumeur, lorsque notre esprit fut auto-nettoyé de ta mémoire, j’ai en fait bien compris que tu m'avais beaucoup aimé...
Lorsque je t’ai vu si heureux d’avoir retrouvé Tomas — ton frère jumeau — j’y croyais encore… mais tu nous as oubliés…
Puis les autres ont accepté les miettes de ton amour et c’est moi qui fût lâché !
En fait, vous m’avez tous rejeté…
Alors, j'ai préféré ignorer le plus possible notre histoire, persuadé que c’était Tomas qui te rendait fou !

Yeph : - Et toi, innocent peut-être ?
Victime même ?
Non…
Je pense que tu as agi ainsi parce que tu étais rongé par la jalousie !
L’amour ne divise pas : c’est une énergie unique — hors de l’espace-temps — offerte à chacun, s’il y a réciprocité.
Je peux t’aimer et aimer Tomas, sans user de mesures différentes ou de préférences ; cependant, c’est la réponse — l’écho — qui confirme le sentiment.
Je ne suis pas exclusif, tout en étant dans le refus de me partager.
Je me donne totalement à qui le désire, selon mes désirs, d’une manière unique à chaque fois… et j’espère recevoir.
Ah…
Tomas…
Je pense l’avoir aimé réellement, à l’époque où il était aussi en capacité de m’aimer.
Ce fut une rencontre merveilleuse !



PRÉSENCE






Je pose la main sur ce sein

Pour entendre battre ton cœur
Et dans mes yeux brille soudain
L'éclat, l'espoir de mon bonheur.

Oh…
J'y croyais depuis si longtemps
Sans oser te le demander...
Si tu savais, je t'aime tant :
Je voudrais toujours te garder...

Tout près de moi de nuit, de jour,
Tu es mon rêve et ma passion.
Je ne peux crier mon amour
Craignant un "non", dit sans raison.

Demain je te rapporterai
La photo donnée par mon frère
Encore un soir où je pleurai
Face au refus de ma prière.

Tout est fini, tu as compris
Mes sentiments à ton égard ;
Maintenant, qui serait surpris
De mon sourire, de ce regard ?

 Tu peux dire "oui" ou rejeter
L'offre annoncée dans l'espérance,
Mais loin de toi je suis tenté
De perdre vie sans ta présence.
 
Oh...
J'y croyais depuis si longtemps
Sans oser te le demander...
Si tu savais, je t'aime tant :
Je voudrais toujours te garder...

Merci de cet amour immense :
Le temps se fige au creux des reins
Où notre vie enfin se sense…
Dans le plaisir, sans fin j'étreins !

Oh...
J'y croyais depuis si longtemps
Sans oser te le demander...
Si tu savais, je t'aime tant :
Je voudrais toujours te garder...


Yeph : - Ah…
L’amour existe lorsqu’il est communion.
Maintenant l’affection est désespérément réduite à un sens unique !
Il y a eu de très belles histoires et l’aventure s'est close par le Grand Jour et la Rumeur.
Avec toi Sako, ce fut davantage de l'envie que de l'amour.
Il y a certes eu du plaisir… mais tu ne sais pas donner et tu veux toujours l'exclusivité !
Tu te sers, tu prends tout… et tu jettes !

Sako : - Tes propos me laissent de marbre…
J'ai tenté un geste de paix et tu continues à me rabaisser.
J'en ai l'habitude…
Tu ne changeras jamais.
C’est plutôt difficile à comprendre... surtout pour Tomas !

Chris : - Laisse Tomas hors de cela…

Sako : - Où est-il ?
Existe-t-il encore ?
Certains bruits courent comme quoi le fait de lui ôter la greffe cellulaire aurait corrompu son esprit.
Pourtant, s’il est vivant...
Si lui ne t’aimait plus, en quoi cela t’empêcherait de conquérir de nouveau son amour ?

Yeph : - Au nom de sa liberté, Sako...
C'est un mot que tu ne connais pas.
Aussi, je n’ai guère le temps ni le désir de discuter avec toi sur ce sujet qui regarde mon cœur...
Peut-être un jour saisiras-tu ma soif de vivre et de mourir, mon souci de la liberté et l’angoisse qui m’habite de ne pas savoir aimer ?
Assomme-le, Chris, et allume son transfaxe pour la “128”, c’est la grande salle de l’Austrel.
Le traxil est ouvert...

Sako : - Non…
Tu ne peux pas…
Houck...

[Sako disparaît.]

Ghils : - Yeph ?

Yeph : - Oui, Ghils...

Ghils : - Tu sais, j’aimerais te poser une question sérieuse.

Yeph : - Peut-être n’aurai-je pas la réponse ?

Ghils : - Puisque je vais mourir...

Yeph : - Oui, chacun son tour, chacun son jour !
Mon heure aussi viendra.

Ghils : - Toi aussi, Yeph, tu vas mourir ?

Yeph : - Je le crains… comme je devrais peut-être l’espérer ?
Aujourd’hui ce devait être mon lot.

Ghils : - Tu as l’air presque de me reprocher… de t’avoir sauvé la vie !

Yeph : - Est-ce que ta mort est une assurance de mon immortalité ?
Ton acte est beau parce que ce geste montre l’amour que tu me portes... Voilà mon bonheur... et aussi mon chagrin, car peut-être n’aurais-je pas agi pour toi de la même manière ?
Quoiqu’il en soit, tu meurs en héros…
En martyr même…
Ah, mourir pour la belle cause !

Chris : - Je crois que tu l’aurais fait, Yeph !

Ghils : - Je le crois aussi...

Ahr...
C’est étrange, je souffre dans mon corps, cependant je me sens bien...

Yeph ?

Yeph : - Oui.

Ghils : - Tu es triste.
Pourtant ce n’est pas mon état qui semble le plus t’affecter !
Tu penses toujours à Tomas ?

Yeph : - Hum...

Ghils : - Il a peut-être oublié qu’il était ton jumeau, mais lui, reste toujours vivant. Tu as cette chance de le savoir près de toi.
C’est sûr !
Moi, je vais mourir, c’est plus grave...

Yeph : - Un être sans sentiment n’est-il pas déjà mort ?
Nous sommes certainement nés pour apprendre à aimer.

Chris : - C’est donc l’amour qui nous ouvre à l’humanité !

Ghils : - Et si la force d’amour était plus forte que tout ?

Chris : - Plus forte même que la mort...

Yeph : - Ah !

Ghils : - Dis...

Yeph : - Serait-il préférable que je meure vite, moi aussi ?

Ghils : - Et après...

Yeph : - Après quoi ?

Ghils : - Une fois que je serai mort, Yeph, que va-t-il se passer ?

Yeph : - T’es-tu seulement inquiété de savoir si tu avais vécu?

Ghils : - Je suis bien jeune pour mourir.

Yeph : - À quatre-vingt-seize ans, tu m’aurais peut-être fait part de ton ennui et de l’inutilité de ta vie médiocre.
Là, te voici prêt à disparaître en m’ayant sauvé, avec une question précise : « As-tu vécu et pourquoi ? »

Ghils : - Dis-moi, Yeph, aurais-tu existé si tu n’étais pas né ?

Yeph : - Tant d’êtres naissent dans un corps et ne rencontrent qu’une destinée médiocre : d’esclaves, de larves abruties par les rayons alpha ou les greffes secondes… ou encore une suite de mendiants de pouvoir ou d’amour… Il y a aussi les pauvres hères à qui l’on n’accorde que les miettes…
Naître d’un corps n’est peut-être pas la finalité de notre âme?
Oh…
Ghils ?
Ghils ?



L'ADIEU


Tu t'en vas simplement
Dans l'ombre qui s'étend
Des modestes pommiers.

 Les fleurs se sont fanées
Pour laisser place aux fruits,
Mais qui pouvait te dire
En écoutant ton rire,
En souriant aussi
Que bien avant l'automne
Il fallait t’en aller ?

 Depuis longtemps déjà
J'ai vu partir ton corps
Peu à peu vers le ciel.
Il osait lentement
Te quitter, s'élever
Nous laissant, délicate,
Une flamme légère.

 Aujourd'hui, c'est ton âme,
Immortelle, insondable :

 Elle aspire à voler
Elle est libre, elle est belle,
Elle s'éloigne sans bruit.

 Pour te voir à présent
Je sais fermer les yeux.

 Cette main que je sens
S'effacer doucement
Est le pont sans retour
Où demain t'appartient.



Chris : - Qu’est-il maintenant ?

Yeph : - Lui-même le sait-il ?

Chris : - Je n’ai pas compris ta réponse.
Sa question, de même, s’annonçait trop complexe pour en saisir la signification !

Yeph : - Oui, Chris…
La vie semble un mystère aussi réel que la mort.

Chris : - Tu n’as pas peur de la mort ?

Yeph : - Peut-être est-ce plus sage de se soucier de la vie aujourd’hui... et de la mort lorsque viendra notre heure ?
J’aurais plutôt peur d’avoir peur de ma vie.

Chris : - C’est-à-dire ?

Yeph : - Oui, j’ai peur de ne pas saisir le sens de mon existence... et de croiser la mort avant d’avoir un jour compris...
Tiens, encore de la visite !  

  

[Arrivée de Gil et de Guy.]

Gil : - Ah, Yeph, Chris... vous êtes là.
Nous venons vous chercher.

Guy : - Oui, Léo et Jean vous appellent à l’aide.
La Base du Mont Rouge est en difficulté.

Gil : - C’est de la folie !
Il y a des blessés et même des morts… partout.
Pour le moment, le Plark semble épargné…
Nous pouvons nous en sortir : Sako et Phil sont confiants.
Vous avez des nouvelles des autres ?

Guy : - Où est Ghils ?

Chris : - Ici, Guy !

Guy : - Oh merde...
Non…

Gil : - Il est blessé ?

Yeph : - Il est mort, Gil.

Gil : - C’est terrible.
Nous n’avions pas besoin de cela.

Un de moins, ça compte au combat.

Guy : - Je le vengerai.
Ceux de l’Archyeur vont payer !

Chris : - C’est Sako qui s’est chargé de l’abattre...

Gil : - Non ?
Impossible !

Guy : - Pourquoi ?
Ghils était un des plus grands défenseurs de la morale et de la loi.
J’étais encore avant-hier avec lui pour surveiller la Base du Lac de Soufre.
Que s’est-il passé ?

Gil : - Qui donc l’aurait poussé à trahir ?
Sako avait une réelle estime pour lui.
Oui, même...

Yeph : - Même ?

Gil : - Même si...

Yeph : - Laisse.
Ne te force pas…
Sache que Ghils s’est placé entre le rayon et moi, lorsque ton cher Sako a tiré.
Ghils est mort pour m’avoir protégé.

Guy : - C’est fou... parce que tu étais un ami, il s’est sacrifié !

Chris : - Eh oui, l’amitié, nous entraîne parfois dans des démarches étonnantes...

Gil : - Je savais que Ghils ne pouvait pas être un traître !

Chris : - Tu accuses donc Yeph de traîtrise...

Gil : - Je fais confiance à Sako : il se bat bien !

Chris : - Auparavant, tu donnais ta confiance à Yeph.
Pourquoi avez-vous changé ainsi tous les deux ?

Gil : - Aujourd’hui notre liberté est en danger.
Moi, je ne vais pas risquer de perdre ce que je viens de gagner.

Guy : - C’est vrai, je n’ai aucune envie d’être de nouveau le sujet de l’Archyeur !

Chris : - Yeph vous a ouvert les yeux afin de vous inviter à voir par vous-mêmes... et en un temps record, vous avez trouvé un nouvel aveuglement.
Après l’Archyeur, Phil, Sako et les autres sont vos nouveaux maîtres.

Gil : - Tu sais très bien que Yeph n’a pas souhaité que nous le suivions...

Chris : - Vous pensiez trouver en lui un maître de substitution ?
Il ne désirait qu’une seule chose : vous voir libres, responsables de vos actes... capables de vous gérer vous-mêmes.
Vous auriez pu être des hommes vivants et debout !
Vous voici à ramper comme les autres…

Yeph : - Merci Chris.
Tu as donc bien compris que la liberté n’est toujours pas le propre de l’homme.
Emma en sera enchantée…
Allez, jeunes gens !
Allez rejoindre la Base du Mont Rouge : le combat vous attend.
Soyez honnêtes dans votre lutte et plaise à vous de rester en vie.
Sinon, nous saurons vous pleurer.

Guy : - Vous ne venez pas ?

Chris : - Qu’irions-nous faire, dans ces lieux de désolation ?
Tuer puis nous faire tuer ?

Gil : - Si c'est nécessaire… pour la bonne cause !

Guy : - Il faut nous aider à sauver les Bases et protéger ceux qui y vivent.
Il y a surtout le Plark du Mont Rouge…
Ce serait dramatique s'il tombait entre les mains des sbires d'Érik !
Cet espace de paix et de prière doit rester neutre et garder sa pureté.
Même si vous n’êtes pas d’accord avec Phil ou Sako, votre devoir est certainement de nous aider.

Yeph : - Quel devoir ?

Gil : - Tu fais partie des “Primaires”.
Les Bases sont nées grâce à toi !

Yeph : - C’est en effet surtout moi qui puis prétendre à une réelle paternité !

Guy : - Donc tu n’as pas le droit de les laisser mourir.
Honnêtement, en tant qu’ancien officier, tu ne dois pas accepter cela.
Tu étais encore réserviste il y a peu…
Si par ta veulerie, les bases passaient sous la tyrannie de ce monstre qu’est l’Archyeur, personne ne te le pardonnerait.
Ce serait de la désertion.

Gil : - Tout à fait !
La fuite est un crime.
Tu seras jugé pour haute trahison, même.

Guy : - Chris, je t’en prie n’écoute pas Yeph…
Retrouve Emma, tâche de la convaincre et rejoignez-nous !
Vous seriez si lâches — vous tous — en restant tranquilles ici, pendant que notre idéal est réduit en poussière...

Chris : - Et songes-tu à notre liberté ?

Guy : - Notre devoir national passe avant tout confort et pensées égoïstes.
Vous devez venir avec nous.

Yeph : - Et si je préfère me promener dans la montagne ?

Gil : - Sako a bien raison... Tu es vraiment fou.

Chris, ne te laisse plus influencer par lui...

Chris : - Pourquoi ?
J'apprends à agir par plaisir réfléchi et non plus par devoirs imposés.

Gil : - Lorsqu'il y a danger pour la patrie[i], les ordres viennent d'en haut.
Nous devons nous assurer de l'unité de tous pour un effort national.
Nos préoccupations personnelles sont légitimes pour les temps de paix !

Yeph : - Comme tu es bien formaté, petit soldat de l'An 2 !

Chris : - Allez lever des troupes ailleurs pour votre grande armée…
Je préfère comme Yeph, les délicats parfums des sentiers de montagne, aux effluves nauséeux des sillons abreuvés d’un sang impur[ii] !

Guy : - Que fait-on, Gil ?
Ils ne veulent vraiment pas nous suivre…

Chris : - Vous réfléchissez maintenant pour savoir si vous devez nous abattre tous les deux… ou Yeph seulement ?

Gil : - Ne dis pas n’importe quoi.
Moi, je ne fais qu’obéir aux ordres en venant vous chercher.
Si vous refusez, je serai contraint de rendre compte et l’on me jugera... Alors...

Guy : - Oui…
C’est vrai.
Si Phil apprend — malgré nos sommations — que vous avez refusé de venir avec nous pour vous battre, nous risquons notre propre vie.
Impossible de vous laisser ici !

Yeph : - Tu as dit les mots au plus près de notre désir : nous laisser...
Racontez ce que vous voulez à vos maîtres…

Chris : - Que vous ne nous avez pas vus !
Moi, en tous les cas, je puis l'affirmer…

Yeph : - Très fort, Chris !
Oui…
Portez-nous disparus[iii] !
Partez et oubliez-nous…
Respectez notre liberté.
Voilà notre requête.
C’est une nouvelle porte !
En plus du choix restreint offert par votre monde — c’est-à-dire être abattus pour traîtrise ici... ou nous faire descendre sur la Base du Mont Rouge, à l’issue d’un glorieux combat — je vous propose une nouvelle option non aristotélicienne : la vie, quelques instants de plus !
Si vous n’êtes pas d’accord, jeunes guerriers talentueux, j’aurai de suite le sort de Ghils... sachant que pour vous tous, cette heure aussi viendra en son temps.
Je m’ennuie dans cette ruche où la bêtise est reine !

Guy : - Peut-être as-tu un peu raison finalement, mais...

Gil : - Guy... ne le laisse pas t’envoûter !
Tu sais très bien ce que vient de te dire Sako...

Guy : - Attention tu…

Chris : - Voilà, nous y sommes...
J’avais relevé votre cinéma devant le corps de Ghils.
Vous saviez déjà ce qui s’était passé...
C’est donc Sako qui vous envoie et non Phil !

Gil : - Mais non...
Pas du tout !
Je t'assure…

Yeph : - Minable…
Tu es vraiment à bonne école !
Tu sais, Gil, c’est moi qui gère comme il me plaît un grand nombre de relais traxils.
J’ai immédiatement compris que vous arriviez, non pas de la Base du Mont Rouge — comme vous l'affirmiez — mais de la “128” : la grande salle de l’Austrel où nous avions envoyé Sako, après qu’il ait donné la mort à ce cher Ghils.

Guy : - Alors pourquoi nous as-tu laissés venir, et pour quelle raison n’as-tu rien dit ?
Tu souhaitais nous manipuler ?

Gil : - Tu es vraiment un monstre !

Chris : - Là, bravo !
Vous êtes formidables les jumeaux...
Ce retournement est magnifique !
Excellent, le jeu de l’accusateur accusé... c’est follement comique !
Vous arrivez tous les deux la bouche en cœur, en ayant fomenté un superbe coup afin de nous éliminer.
Votre simulacre était magnifique !
Vous étiez digne des plus parfaits espions — sous les ordres de Sako — en mêlant les sentiments et le sens du devoir...
Maintenant la traîtrise dévoilée, est-ce nous qui devenons les coupables ?

Gil : - Oui !
Vous êtes coupables puisque…

Yeph : - Cela suffit.
Je suis fatigué de vous tous.
Peut-être faudra-t-il encore attendre quelques millénaires avant de croiser un humain sur cette planète ?
Vous n'êtes même pas au niveau de l'intelligence des grands singes… bandes de bipèdes stupides[iv]…
Continuez à jouer à la guerre.
Faites ce que vous voulez, je m’en vais...
Prévenez Sako et ses sbires — s’ils me cherchent encore — que j’emporte des armes et que je sais tirer[v].

Chris : - Vous souhaitez l’abattre dans le dos ?
Dépêchez-vous, car il va bientôt ne plus être dans le champ d’action de vos rayons...

Guy : - Il...

Gil : - Je ne peux pas tirer...
Fais-le, toi : tu es mon supérieur en grade…

Guy : - Non…
Non, j’en ai assez.
Je renonce à tout pouvoir.

Gil : - Tu ne peux pas...

Guy : - Yeph, attends, reviens !

Chris : - Ce n’est pas la peine d’insister.
Il est parti…

Guy : - J'aurais voulu m'excuser, en fait…
Qu'il me pardonne…

Chris : - Tu devras alors lui laisser le temps d’apprécier la mort de Ghils.
C'était un bon ami.
Qu'il puisse faire son deuil…
Et aussi pour tous ceux tombés depuis le début des combats.
Il vous a libérés afin de vous espérer vivants ; vous préférez vous entre-tuer…
Retournez auprès de Phil, Sako et des forces armées.
Sachez leur dire un jour ceci : tous les hommes sont nés pour mourir, mais bien peu ont commencé à vivre.
Je comprends l’amertume de Yeph.
Adieu, la montagne m’appelle...

Guy : - Eh, attends Chris, je veux venir avec toi…
Oui, s’il te plaît…

Gil : - Comment ça ?


PARDON





I

       Oui, tu le sais, mon petit frère :
        Nous ne nous sommes pas choisis.
       Tu espérais beaucoup de moi
       Et, trop souvent, je t'ai déçu.

       Tu prends, après moi, ce chemin
       Que je n'aurai pas su t’ouvrir.

       En toi sont de bien longs soupirs ;
       Parfois aussi viennent les larmes,
       De ne pas savoir inventer
       L'histoire et les vers de ta vie.

       Pardonne-moi si trop longtemps
       Je ne t'ai pas laissé rêver.

       Ce serait si bon de saisir
       Chez toi l'esprit d'un créateur :
       S'émerveiller de ton génie,
       Se réjouir de tes talents.

II

       Je suis bien maladroit, c'est vrai…
       Tu es cruel, aussi, je crois.

       Mais comment oser t'expliquer,
       Alors vivant en d'autres terres
       — Pour offrir ainsi mon cœur
       À ces enfants les yeux brûlants --
       Que l'affection à ton égard
       N'en est pas plus diminuée.

       Tu es mon frère et, quand je pars
       Rencontrer l'autre pour l'aimer,
       Rien n'est plus douloureux aussi
       Que de voir la tristesse en toi.

       J'aimerais ce soir, petit frère,
       Avec ces quelques mots choisis…
       T'inviter à saisir enfin
       Dans le chagrin ou plein d'espoir,
       Tout près de toi et tout sourire :
       Un autre amour, t'aimant ainsi.



Guy : - Je souhaite les rejoindre !

Gil : - Non, ce n’est pas possible.
Nous sommes trop différents.
Leur manière de raisonner est en-dehors de toute logique humaine.
Ça ne serait pas bien, en plus de…

Guy : - Stop, Gil…
Tais-toi !
J’en ai assez de tes certitudes et de ta morale.
Deux choses avant que je ne me décide enfin à partir…
Primo : Je veux pouvoir décider par moi-même sans que tu ne m’obliges…
Deuxio : Tu sais que je déteste lorsque tu dis « nous ».
Laisse-moi respirer.

Gil : - Ne te fâche pas…
Si je t’ai dit cela, c’est parce je sais qu’ils ne voudront pas de nous parmi eux.
Peut-être que notre choix n’était pas le meilleur, mais bon…
C’est comme ça.

Guy : - Comment ?

Gil : - Oui… tu rêves…
Laisse-les dans leur monde.
Ils ne t'accueilleront jamais.
Nous avons cassé une partie de leur bonheur.
Je crois que la mort de Ghils est une douleur qu’ils ne nous pardonneront jamais.

Guy : - J’ai l’impression de n’être rien du tout à t’entendre…
Perdu… oui
Seul ?
Je ne sais…
Et je ne suis pas responsable de la mort de Ghils !
Pourquoi devrais-je maintenant à tes dires, en assumer la responsabilité ?
C’est Sako qui a tiré !
La faute d’un autre n’est pas la mienne.

Gil : - Moi, j’assume les erreurs de notre Nouvel Austrel.
Solidaire et fier.
Ne t'inquiète pas, je suis là.
Tu sais que tu peux compter sur ton frère.
Viens avec moi, nous allons tenter de nous racheter en luttant pour la meilleure des causes finalement.
Combattre, c’est bien pour oublier.

Guy : - Non, je…
Oh… le relais traxil est déconnecté.
Chris a dû le fermer lors de son départ.

Gil : - Il faut attendre.
Cachons-nous !

Guy : - Nous pouvons aussi veiller auprès de Ghils…






Et hop, d'un clic, vers

La sixième partie…





Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste, présente en ligne le Cycle de l'Austrel, tome troisième : Comme une abeille hors de sa ruche… Tous droits réservés ©
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