© Le cycle de l'Austrel,
tome premier : Souvenir d'un amour,
des écrits de Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe.
Douzième partie :
tome premier : Souvenir d'un amour,
des écrits de Yves Philippe de Francqueville,
pirate des mots et philanalyste en herbe.
Douzième partie :
[Près du Lac de Soufre.]
Franch :
— Qui donc est cet homme qui te regarde ainsi, Pol ?
Pol :
— Aucune idée…
Il invite un peu à la rencontre, ne crois-tu pas ?
Emma :
— Je ne l’ai jamais vu au Conseil.
Peut-être est-ce un membre des colonies lointaines ? On dit qu’il en arrive encore, rescapés de la Chalystime.
Après un temps d’adaptation, ils se fondent assez bien à notre peuple.
Franch :
— Je le trouve plutôt beau.
Pol :
— Il semble aussi intelligent.
Emma :
— Il ne doit pas encore être greffé…
Sa jeunesse me plaît.
Pol :
— Alors ce serait une bonne proposition que de l’inviter à lutter contre cette soumission !
Franch :
— Attention, c’est peut-être un mouton de l’Archyeur.
Il y en a déjà eu quelques-uns qui ont tenté de s’infiltrer dans nos rangs.
Emma :
— Peu probable.
On attaque ?
Franch :
— Oui. C’est mon style.
Pol :
— Tu y vas toujours en force, Franch…
Ah, j’aime ta liberté.
[Les trois se dirigent vers l’inconnu.]
Emma :
— Bonsoir, Emma.
Jeph :
— Enchanté, Jeph.
Pol :
— Pol.
Franch :
— Moi, c’est Franch.
Nous sommes de la Cité, mais partisans des Bases… et toi ?
Jeph :
— J’arrive du Plark du Mont Rouge.
Pol :
— Ah ?
Franch :
— C’est bien ma chance !
Il faut que je me trouve face à un religieux…
En mission ou en cavale ?
Jeph :
— Non, laïc… et libre depuis déjà quelques cycles.
J’étais là-bas pour étudier.
Pol :
— Que peut-on étudier dans un Plark ?
Franch :
— Les règles imposées faussent les jugements…
Pol :
— Il n’y a pas que les obligations qui faussent les jugements, Franch… il y a aussi les interdits !
Jeph :
— J’ai pu avoir accès à tant et tant de livres cachés au commun, depuis la Chalystime.
Emma :
— Ah… tu aimes lire, comme nous…
Tomas se rendait souvent dans les ruines des cités anciennes, afin de trouver quelques pages rares parmi les vestiges oubliés par la Broth.
Pour ma part, j’observe que l’instruction qui nous est proposée se trouve de plus en plus sélective.
Avec ce qui nous attend, cela ne sera pas glorieux.
Jeph :
— C’est-à-dire ?
Franch :
— Tu n’es pas informé pour les greffes ?
Pol :
— Impossible…
Jeph :
— Expliquez-moi donc…
Emma :
— Voilà, l’Archyeur a souhaité la greffe seconde pour tous les humains de la Cité.
Après les plus faibles en intelligence et les enfants soumis à l'instruction, c'est au reste de la population de s'y soumettre.
Nous sommes pour le moment en fuite, afin d'échapper aux rafles qui s'annoncent, et nous tentons…
Franch :
— …Tu en dis trop…
Jeph :
— Je suis de votre côté, n’ayez pas peur !
J’avais besoin de savoir si vous étiez ou non déjà greffés.
Je recherche, moi aussi, des êtres libres, qui refusent cet esclavage où nous ne saurions plus choisir par nous-mêmes entre l’idée de ce qui nous construit et celle de ce qui nous détruit !
Pol :
— Ah, j’aime t’entendre dire que la liberté ne se résume pas à deux faibles mots — bien et mal — dont la signification est différente pour chacun d’entre nous.
Franch :
— Oui !
Surtout lorsque c’est l’Archyeur qui impose à tous la notion réductrice de son bien et de son mal !
Je n’ai pas les mêmes paramètres que lui…
Loin s’en faut !
Jeph :
— Combien êtes-vous ?
Emma :
— Pour le moment, une petite douzaine…
Pol :
— Demain, nous serons beaucoup plus !
Franch :
— Hum…
Ou plus personne.
Les gardes de l’Archyeur récupèrent de force tous les jeunes afin de leur instiller les instructions.
Ils sont greffés systématiquement.
Jeph :
— Je sais.
J’ai avec moi une équipe de professeurs médecins.
Ils savent ôter les greffes sans blesser la mémoire vive.
Pol :
— Ah, je pensais que l'Ordre des médecins était entièrement voué à la cause de l'Archyeur… que tous les praticiens et chercheurs avaient prêté serment… pour notre bien à tous !
Et vive la greffe seconde !
Franch :
— Surprenant.
Des docteurs libres et indépendants ?
Exceptionnel, même, si tu dis vrai.
Tu me fais un peu penser à Tomas.
En plus vieux.
Non ?
C’est étrange…
Emma :
— Hélas, il est greffé maintenant.
Le restaurer serait formidable.
Ah…
Oui, tu as raison, Franch, il lui ressemble.
Jeph semble parler comme celui qui apparaissait dans les rêves de Pol, et dont il nous conte les exploits…
Jeph :
— Si vous saviez !
Pol :
— Nous aimerions savoir…
Venez, il nous vaut mieux discuter en des lieux plus sûrs.
En un clic
Vers la treizième et dernière partie…
Vers la treizième et dernière partie…
© Le cycle de l'Austrel, tome premier : Souvenir d'un amour, des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste en herbe.
Fin de la douzième partie.
Fin de la douzième partie.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville