Mémoires d'un pirate, troisième acte écrit par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE… vers la philanalyse !
Scène sixième
6.
Que vous soyez
Puissants ou misérables…
Si la photo est bonne…
Ou de l'art de rendre la justice !
La justice de ce monde — célèbre pour son bandeau sur les yeux, sa balance et son glaive — se donne parfois des siècles pour « reconnaître » une erreur ou saisir une culpabilité.
Même des spectacles sont offerts au grand public pour savoir si Marie Antoinette — la reine guillotinée — avait abusé ou non sexuellement de son fils ou si des faux vrais documents avaient été créés par la justice révolutionnaire, afin de la faire condamner à la mort…
Une armoire de fer peut dissimuler bien des documents. Reine et incestueuse, c’est la mort assurément !
Une douloureuse maxime bien ancienne — extraite du recueil de poèmes "Shahnama", du poète iranien Abud el KASIM dit FIRDAUSI — nous prévient avec délicatesse : "Ainsi sont les voies du destin en ce monde sévère : aujourd’hui on te met doucement en selle et demain tu auras la selle sur les épaules"…
Reine ou pas, attention à être du bon côté du canon lorsqu'il tonne !
"Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir"… nous expliquait Jean de La FONTAINE — fabuliste fameux — dans Les animaux malades de la peste, lui qui fut cependant condamné à la prison, et embastillé — alors qu’il était fort apprécier des puissants — pour avoir aussi écrit à ses heures de plaisir quelques contes légers… voire pornographiques. Ce n’était finalement pas totalement aux goûts des biens pensants de la censure !
Comme tant d’autres, Michel SARDOU — le chanteur révolté à sa mesure — a repris dans sa chanson les propos de Jean de La FONTAINE, qu'il avait lui-même hérité du fabuliste ESOPE… peut-être lui aussi bon lecteur de ses ancêtres !
Par chance, "si la photo est bonne", il est possible aussi éviter la pendaison ou la chaise électrique répliquait BARBARA… et C’est Yves DUTEIL — ayant cependant une autre vision de la politique que la chanteuse poétesse — qui synthétise certainement le mieux avec humour et talent le fait que "ça n’est pas ce qu’on fait qui compte… c’est l’histoire"…
Il est très instructif de lire ou relire ses paroles, surtout la dernière strophe, en espérant que ce Monsieur au prénom charmant, entré en politique « pour le bien des habitants d’un petit village », n’est pas trop tombé dans les pièges qu’il dénonce :
ÇA N’EST PAS CE QU’ON FAIT QUI COMPTE
Yves DUTEIL (France)
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire {2x},
La façon dont on l’raconte
Pour se faire valoir.
L’important, dans la bataille,
C’est l’histoire {2x},
Qu’on découpe ou qu’on détaille
Selon l’auditoire.
Face aux Sarrazins d’Espagne,
En voyant son olifant,
Les soldats de Charlemagne
Disaient à Roland :
« Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est notoire {2x},
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire. »
La glorieuse histoire de France
Est truffée d’assassinats,
De massacres et de violences
Et autres coups d’état.
Après tout, quand on y pense,
Bonaparte et Attila
Ont plus d’morts sur la conscience
Que Landru et Borgia.
C’est quand même un peu étrange,
Quand on repense au passé,
On dirait que les temps changent
Et qu’à la vérité
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire {2x},
La façon dont on l’raconte
Pour se faire bien voir.
L’important dans la bataille,
C’est l’histoire {2x},
Qu’on découpe ou qu’on détaille
Selon l’auditoire.
On inverse un peu les rôles,
On rajoute un petit morceau.
Ça rend les récits plus drôles,
Et pour être un héros,
À l’heure où l’on fait les comptes
Pour la gloire {2x},
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire.
L’aventure est éphémère,
Mais si la vie n’a qu’un temps,
Le récit qu’on peut en faire
Dure indéfiniment,
Et pour peu qu’on soit habile
À savoir où va le vent,
On peut être indélébile
Jusqu’à la fin des temps.
Comme le nez de Cléopâtre,
Dagobert son pantalon,
La poule au pot d’Henri quatre
Ou le vase de Soissons,
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire {2x},
La façon dont on l’raconte
Pour se faire bien voir.
L’important dans la bataille,
C’est l’histoire {2x},
Qu’on découpe ou qu’on détaille
Selon l’auditoire.
Dans les débats politiques
Juste avant les élections
Aux moments les plus critiques
À la télévision,
À l’heure où l’on fait les comptes,
C’est notoire {2x},
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire.
Lorsque par inadvertance,
Si on a vraiment besoin,
Dans des cas d’extrême urgence
On assomme un crétin,
On n’a pas toujours la chance
D’avoir les témoins pour soi,
Quand on est dans l’existence
Un peu maladroit.
Dans les grands procès d’assises,
On assiste quelquefois
À de drôles de vocalises
Et suivant l’avocat,
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire {2x},
La façon dont on l’raconte
Pour le faire savoir.
L’important dans la bataille
C’est l’histoire {2x},
Qu’on découpe ou qu’on détaille
Selon l’auditoire.
Combien de têtes victimes
D’un bon mot du procureur
Juste pour gagner l’estime
De ses supérieurs.
À l’heure où l’on fait les comptes
Pour la gloire {2x},
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est notoire,
Ça n’est pas ce qu’on fait qui compte,
C’est l’histoire.
(paroles et musique de Yves DUTEIL).
Il n’y a pas de justice…
Tant de poètes l’ont chanté.
Voici le temps venu pour lire
La Scène septième
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Mémoires d'un pirate, troisième acte écrit par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE… vers la philanalyse !
Auteur : Yves Philippe de Francqueville